Imparfait
J’étais là, assoupi, évanoui, ébloui
J’étais là, recroquevillé, habité, exténué
Face à la fatalité, à l’infini inachevé
A regarder s’élever les aubes fastueuses
Leurs arabesques dans les ciels nervurés
Où s’ébattent des ombres majestueuses
Elles sont mes compagnes d’un éternel absolu
Elles sont mes âmes essentielles et bien plus
Nous n’avons rien en commun si ce n’est
La mélancolie de nos évasions ténébreuses
La nostalgie de nos tremblements éthérés
Tous ces codes de nos liaisons amoureuses
Nous partageons nos peurs hystériques
Dans l’apothéose d’une proximité frénétique
Je suis orphelin de toi lorsque j’appelle
L’instant mauvais qui ensorcelle
Ce jour où sur le fil trembla l’oiseau imparfait
Si volage, toujours d’une humeur sans tapage
Sa tristesse vint suturer nos plaies, nous amadouer
Il est dommage qu’il est initié ce voyage
D’un abandon où sur nos murs pousse le lierre
D’un présent figé fissurant la porte du cimetière
Là où se noient les silences dans une baie
Là où se fourvoient les rêves sans pleurer
Parfois enclins à s’entendre psalmodier
Les nuages aux tentacules craquelées
Tous les jours sombres ont leur instantané
Je le sais comme affirmant l’unique vérité
Lire la suiteInassouvi
Où sont mes rêves oubliés, ces tentations absolues ?
Aux velours capiteux, au toucher soyeux ?
Venues effleurer le dos de mes mains nues
Où sont les squelettes de nos jours pluvieux ?
Lorsque l’imaginaire était l’étalon valeureux
De la flamboyance de nos jours heureux
Entre les arbres gris de la forêt sombre
Je m’endors parmi les racines et les ombres
Dans la cacophonie silencieuse de mes nostalgies
Elles m’apportent, ces tendresses fallacieuses
Ces variations venant ensemencer ma mélancolie
Quand sur le ciel de ma nuit danse une lune gracieuse
Je porte ce vide en moi dans la transhumance inaboutie
De croire que l’instant fut caractériel, impétueux, assouvi
Lire la suiteLes aubes irréelles
Je tourne en rond, méticuleux, invasif, abscons
J’ai la témérité de m’irradier au consensus de l’unisson
Comme si ma raison s’était éloignée triste et sans façon
Amoureuse, stupide, folle à lier, étendue sur un lit rond
Je tremble de m’émouvoir alors que mes lectures sont noires
Que mes vertiges alunissent sur des lunes sans espoir
Je bois l’eau croupie de mes rancunes, des mes histoires
Pour m’abreuver face à ce reflet sombre dans le miroir
Je prends de l’instant sa fragilité pour le sanctifier
Lorsque demain viendra l’heure de se remémorer
Les courbures, les plis, la pâleur de mes amitiés
Toutes éparpillées sans parvenir à les rattraper
Les vents ont la force de tout emporter en un instant
Ils me balaient me laissant la force de l’abattement
La faiblesse d’un tremblement, d’un reniement
J’entends ce ronronnement en m’endormant
Je lui donne une valeur qui outrepasse mes peurs
Est-il juste de penser que rien n’a plus de saveur ?
Comme s’il s’agissait de fuir avant l’heure
Face aux pensées, aux cris, à tant de fureur
Je me perds, je m’égare, devant le grand lac salé
Je pleure face à sa déraison, son immensité
Il est ce tout, ce vide qui dresse sa muraille d’été
Devant mon imaginaire entravé et oppressé
Quand les terres brunes frémissent sous le gel
Et que se fissurent les cristaux d’une tentation rebelle
Parle-moi ma belle de ces temps sans querelle
Où nous dansions parmi les aubes irréelles
Lire la suiteT’aimer
Tandis que le bruit de nos émois s’ébruitait
Et que les cieux enflammés brillaient d’éternité
J’ai vu s’éteindre la flamme de notre réalité
Assailli par l’idée vulgaire de parler de t’aimer
Comme une onde bleutée dans un océan apeuré
Où les mouettes volent en bandes agglomérées
Lorsque les vagues narguent d’un panache nacré
Les ombres de nos deux corps aux âmes enlacées
Versatiles sont les tremblement funestes du passé
Ils portent en eux les failles de nos cris tétanisés
Ces réminiscences enfantines de note immaturité
Quand j’ai eu l’idée vulgaire de parler de t’aimer
Lire la suiteInerte
En abondance parmi nos nuits de transe
En pertinence dans les recoins de nos silences
S’évapore l’ombre disloquée de nos souffrances
Danse petite âme dont j’ai enfanté la dépendance
Tu es là inerte au terme de notre romance
Lire la suiteTous les cieux sont verticaux
Tu es mon amie irascible aux certitudes décrépies
Tu parles fatalité comme je lierai Racine sur un parvis
Tous les cieux sont verticaux à l’aplomb d’un abîme
Ils sont le gouffre où lentement je m’abîme
Je mords dans l’irréel par nécessité, pour exister
Mes frimas sont transgénérationnels par complicité
Où vivent les loups quand ils partent en goguette ?
Portent-ils encore aux lèvres les sangs d’un soir de fête ?
J’ai la transhumance frileuse, une dépendance capiteuse
Aux parfums de nos pénombres cauchemardesques
Mes rêves portent des griffes, s’accrochent à tes fresques
Caricatures de mes extrêmes et de mes frimas
Dans le brouhaha du cheminement de mes pas
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