Il y a dans le rêve cette lumière qui s’élève au-delà de la colline dans une teinte blanchâtre. Il y a les violons qui attaquent les aigus alors que tes pas te conduisent vers le trait de lumière. Tu as l’impression d’avancer, de t’approcher, de monter vers les arbres. Tu forces sur tes pas. La pente est rude, pénible, éprouvante. Depuis toujours, tu veux atteindre le sommet pour savoir ce qu’il y a derrière. Cette lumière t’attire. Tu m’en parles, le matin au réveil. Chaque jour. Tu me répètes ton attente. Le temps passe et je me lasse. J’aimerai te porter en haut que tu saches, que tu arrêtes de douter, de m’interroger, que nous sortions de ce cercle vicieux. Je ne vois pas la colline, la lumière dont tu me parles. Tu me les as si souvent racontées que les imaginer n’est plus utile pour moi. Je pourrai les reconnaître, si seulement tu savais où me les situer ? Mais tu n’as aucun repère, si ce n’est le rêve qui t’emporte chaque nuit. L’expliquer, le comprendre, je n’en suis pas capable. Le faut-il d’ailleurs ? Non, tu vis dedans, lovée en lui. Il t’habite, te hante. Tu as appris à l’aimer. Il nous a séparés. Chaque nuit, tu attaques les premiers pas sur la colline. Tu montes. Tu t’arrêtes. Je l’ai compris. Tu ne souhaites pas atteindre le sommet. Tu ne veux pas vraiment savoir. Je connais ta complexité. Cela faisait partie de ton charme. Avant. Mais, aujourd’hui, le temps passe et je me lasse. Ta folie n’est plus un charme mais un poids chargé d’ennui. J’ai refusé de te prendre la main pour monter avec toi la colline. Je sais que je serais allé en haut, jusqu’au bout, pour savoir, te raconter. Mais cela t’aurait tuée. Alors, la nuit venue, je fuis. Nous ne sommes plus que des comètes qui se croisent dans le ciel noir d’une vie sans avenir. Il n’y a plus en nous de lumière pour encore espérer conquérir des sommets ensemble. Le temps est passé et je me suis lassé.