Dans une nuit froide et sans bruit

Dans une nuit froide et sans bruit. Il était une fois au fond des bois. Deux sceptres solitaires et amoureux. Se chamaillant, s’enlaçant. S’enrobant du voile laiteux. D’un brouillard épais et facétieux. Désireux de les séparer. S’aidant de la complicité de mauvaises fées. Jalouses de les voir s’aimer. Le poison de la distance s’insinua. Là, peu à peu ils se trouvèrent désunis. Furtivement il en fut ainsi. Dans une nuit froide et sans bruit. Il y eut au fond des bois. Deux spectres solitaires et amers. Errant transis et aux abois. Semant la terreur, appliquant leur loi. Leurs âmes n’étant que peine et souffrance. Endurant cette dépendance. De l’un à l’autre dans une forme absolue et irréversible. Sensibles avec une rage farouche. Ils cherchaient à se retrouver. Rêvant de cet instant où ils se touchent. Les yeux ouverts, le charme envolé. Dans une nuit froide et sans bruit. Il y a au fond des bois. Des hurlements d’effroi. Loups sanguinaires, ils sont devenus. Attirés par le sang, une gorge nue. Ils ont tout perdu. Leur foi, leur joie. Trouvant dans leur solitude infinie. L’ivresse des mirages de leur folie. Réduisant leur vie à de l’ennui. Au cœur d’une nuit froide et sans bruit.
Lire la suiteAu jardin de l’automne (suite)

Prostrés et aphones nous resterons. Devant le mur blanc du temps. Ce brouillard que l’on ne percera jamais. Par peur d’affronter l’effroyable vérité. Être orphelins de l’instant que nous vénérons. Ce présent qui dure dans le temps. Dans le cloître de notre silence. Emportés par le délice d’une douce transe. Rien ne pourra nous arriver. Intemporels et artificiels. Nous sommes invisibles, imperceptibles. On flotte, on barbote dans l’onde de l’instant. Qui n’existe pas. Sans croire à hier ou à maintenant. Juste errant, juste là. Au jardin de l’automne et ses couleurs monotones. Avec le sentiment de lui ressembler. Sur le visage un masque posé. Blanc, filtrant les rayons intrusifs. De l’attente et de la curiosité qui mettent à vif. Notre bouclier est végétal, animal. Nos discours ne sont que des regards. Nous croyons au hasard. Notre dieu est vieux. Nous laissant toute latitude. Pour l’abandonner dans sa solitude. Nous veillerons jusqu’au crépuscule. L’instant où la nuit épouse le jour. Sur la terre de notre royaume minuscule. Nous parlerons d’amour. Ce débat qui n’en n’est pas. Derrière les murs blancs de notre forteresse. J’aime les traits de ta vieillesse. Mesurant qu’il est l’heure maintenant. De fermer les yeux, de faire le dos rond. Prostrés et aphones nous resterons. Devant le mur blanc du temps. Ce brouillard que l’on ne percera jamais. Par peur d’affronter l’effroyable vérité. Être orphelins de l’instant que nous vénérons.
Lire la suiteAu jardin de l’automne

Au jardin de l’automne dans le souffle monotone. Du vent caressant les feuilles fauves s’en allant. J’allais d’un pas triste et lent. Vers l’imperceptible envoutant. D’une fraction momentanée du temps. Je la voulais présente indéfiniment. Comme le rendez-vous permanent. De ce lien avec toi qui me retient. De me projeter vers demain. Je pense à hier, à ses vides, ses ornières. Que je n’ai pu combler. Par manque de force et de volonté. Elles me retiennent proche de ce passé. Mon être, mon infirmité. Je ne peux les effacer. Sans eux, il reste ce néant. Que je ne sais comment appréhender ? Alors, je crois à l’imperceptible envoutant. De toi mêlée à la douceur du vent. Caressant les feuilles fauves s’en allant. Nous irons au jardin de l’automne dans le souffle monotone. Et nous nous poserons prostrés et aphones.
Lire la suiteA Venise nous avancerons masqués

Dans le bal nuptial de nos abysses. Les lépreux danseront deux par deux. Sur les notes du piano désaccordé de notre avarice. A Venise nous avancerons masqués. En talisman de notre dépendance. De nous, de nos souffrances. Infiniment vaines et rebelles. Gisant sur les cendres de nos querelles. Elles porteront la marque de l’infamie. Pour s’être égarés et mentis. Loups faméliques et pathétiques. Notre terre sera lande de misère. Nous irons errer et quémander. La pitié à défaut d’absolution. Il nous restera l’opprobre comme relation. Aux autres dans le mystère d’une irrépressible terreur. J’ai entendu ton cri de douleur. J’ai vu sur ton visage la peur. Les crocs fous de ce loup. Mordant la blancheur de tes doigts. Tomber des gouttes de sang. Mes lèvres dessus qui se posent. Je les lèche, je les bois. Frissonnant en prenant ma dose. Passionnément, désespérément. Tu es ma cocaïne, mon héroïne. Reine sans trône. Veux-tu me faire l’aumône ? De ton cœur, de tes douleurs. Si je devais partir. Tu saurais me retenir. En voleur de tes frissons. Tu pourrais m’accorder le pardon. Habillé de tes pudeurs. Dans la tendresse d’un moment. Je le confesse, je l’attends. Comme l’oubli de mes erreurs.
Lire la suiteMélancolie

Le sucre et le miel n’auront jamais le goût. De cette saveur qui coule dans ma bouche. Avec cette pointe d’amertume qui me rend fou. Une obsession de toutes ces choses qui me touchent. Butinées par le vol des abeilles de ma nostalgie. Se posant de fleur en fleur. Ces roses noires qui poussent la nuit. Dans les jardins secrets de ma mémoire. Là où s’endort ma mélancolie. Dans le silence d’une rupture accomplie. Avec ces pointillés de désespoir. Qui parsèment les phrases et les mots que j’écris. Ils dorment ou ils veillent. Sur le papier comme des sentinelles. Parfois mes yeux les rappellent. D’une lecture brève et enflammée. Pour me souvenir et vivre l’intense désir. D’effacer le passé. Si seulement, je pouvais l’éradiquer. Refaire de nouveaux murs de pierres. Solides contre le vent et les marées. Ne laissant passer que les alizées. Mes roses ne seraient plus noires. Il ne resterait que cette forme de faiblesse. Compagne éphémère d’un voyage aléatoire. Sans fin et que rien ne presse. Entre le vent et le néant. Si proche de cette langueur qui me blesse. C’est à toi que je m’adresse. Mélancolie ce mot qui te définit. Force pressante et endormie. De matins aux couleurs de pluie. Il y a dans tes mains ce à quoi je tiens. Un instant en suspens. Sans présent, ni temps.
Lire la suiteIl n’y a pas d’ailleurs

Il n’y a pas d’ailleurs. Qu’un présent sans valeur. De moi en quête de toi. Ton absence m’oppose le vide. Alors que coule le venin acide. Du poison d’une mauvaise potion. Celle d’une sorcière meurtrière. Qui me parlait de passion. Mordu pour l’avoir cru. Je glisse dans l’abime. En étant à ses yeux illégitime. Consommé, oublié et puis jeté. J’aimerais me venger. Il n’y a pas d’ailleurs. Pour ma rage et mes fureurs. Il n’y a qu’un présent sans valeur. Je cours, je marche, je rampe. Peu à peu emporté sur la pente. De l’arène et de son cirque. Pantin mystique dévoré par les loups. Devant un public hystérique et fou. Je joue mes derniers tours. Faisant disparaître le vrai. Et ressusciter l’amour. Je crie, je supplie. Insensible et froide elle m’ensevelit. Comme une épave sous un torrent de lave. Il n’y a pas d’ailleurs. Pour corriger mes erreurs. Il n’y a qu’un présent sans valeur. Marqué de son emprise. Je le méprise. Se débattre et puis combattre. Pour la conquérir de nouveau. A Venise voguant sur des canaux. Mais derrière le soleil couchant. Je sais qu’il n’y a rien. Je ne suis pas magicien. Juste clown pour enfants. Il n’y a pas d’ailleurs. Pour ma solitude et mes peurs. Il n’y a qu’un présent sans valeur. Je pourrais tuer la sorcière. Attendrir son cœur de pierre ? Je ne le crois pas. Monte en moi la rancœur. Venue du lointain, de tout là-bas. Cette ombre qui s’éloigne. Ses pas lents sans se retourner. La douleur qui m’empoigne. Je pleure sur ma solitude. Sur l’avenir avec cette certitude. Qu’il n’y a pas d’ailleurs. Et qu’un présent sans valeur.
Lire la suite




