Il y a cette barrière noire qui t’empêche de voir plus loin derrière. Les couleurs teintées de sang balayant le jour s’endormant. L’eau s’étalant jusqu’aux pieds du firmament. Le ciel en lambeaux, les nuages se prosternant. Juste derrière cette barrière obstruant. Tes jours, tes nuits, que jamais tu ne franchiras. Bloquée par ce manque d’envie que tu transportes affadie. Chaque matin tu restes là. A te dire que maintenant tu oseras. Faire le premier pas. Pour t’enfuir, laisser derrière ton ennui, rugir et frémir. En allant ailleurs chercher ce bonheur. Un bout d’espérance loin des odeurs rances. Où marches tes pas lourds et las. Tu as cette force de fendre l’écorce. Tu avances guerrière et fière. Survolant tes peines, ta peine. Tu franchiras ce mur d’un pas agile et sûr. Il n’y a rien de dur. De laisser les lourdeurs et les lenteurs. Qui alimentent tes peurs, tes frayeurs. Tu le reportes à tout à l’heure. Chaque fois, comme si c’était ta loi. D’être lasse et de porter le poids. De l’impuissance sans aller jusqu’au bout de tes espérances. Fabriquant cette barrière noire qui t’empêche de voir plus loin derrière. Pourtant, il te suffirait de te laisser emporter. Par ta volonté, toutes ces idées venues en toi germer. Et de planer, planer jusqu’au bout de ton éternité. Prenant en main ta destinée sans céder à la fatalité. D’être effacée, cachée. Portant une honte imposée. Alors qu’il te suffit de te réveiller. De regarder le soleil se coucher. De voir le ciel s’enflammer. De te laisser caresser. Avant d’être emportée. Au-delà de cette barrière noire qui t’empêche de voir plus loin derrière. Pour construire un ailleurs vierge de tes peines et de tes douleurs. Que tu bâtiras pas à pas. En ne reproduisant pas les erreurs du passé. Comme cette idée de t’oublier. S’imposant à toi au fil des années. Pour avoir perdu le fil de ta volonté. Ce soir tu te lanceras; tu l’as juré. Pèse sur toi trop de fatalité. La soumission, l’abandon font partie de ta raison. Pour te tromper tu te diras que demain. Tu franchiras enfin. Cette barrière noire qui t’empêche de voir plus loin derrière. Ce n’est qu’une promesse amère. Il est écrit que tu vivras toujours derrière cette barrière.