De noir et de gris se vêt ma mélancolie. Se lève quand la nuit emporte la marée. S’étale sur les courbes d’une plage désertée. Les lèvres tendues aux baisers d’un vent salé. Frémit et blêmit sentant s’évaporer la fureur désenchantée. De séquestrer dans mon cœur ou ailleurs. Les larmes de jour veillées par un vautour. Mélomane, anxieux et cleptomane. Qui veille sur mes plaies, m’empêche de le repousser. M’impose de l’admirer. Partageant nos solitudes en étant au prélude. D’un fantasme avec une sirène échevelée. Je l’appelle ma destinée envenimée. Parlant de moi comme d’un fantôme. De rien, d’un malotru, un vaurien. Perdu sur la route de son royaume. En gueux, visqueux et pouilleux. Elle me lègue le souvenir d’une romance. Un poème de toute invraisemblance. Aux lettres de sang gravées sur une plage argentée. Contant les failles avérées et silencieuses. De mon errance capricieuse. Je gémis, la supplie. Elle s’oppose à mes appels incessants et langoureux. Je la hais, je l’aime, je ne sais plus. Je suis triste et amoureux. Je cours dans le vide perdu. Elle me regarde, me nargue, appuyant. Sur les racines du mal me hantant. Une poignée d’hallucinations étoilées. Tombant en confettis sur le sable de mes nuits. Je les collectionne multicolores et indolores. Je les dévore en regardant le soleil se lever. Il sera bientôt l’heure de m’engouffrer. Dans la caverne où somnole une lanterne. Mes yeux embués, mes mains engluées. Manipulant les tessons d’une nuit d’errance. Versant le sang avec la lame d’une sentence. En noir et en gris restera ma mélancolie. Se lèvera quand la nuit emportera la marée. S’étalera sur les courbes d’une plage désertée. Et tendra les lèvres aux baisers d’un vent salé.