Il y a comme une excitation. Une attraction passagère à la pénombre qui se dérobe. Enterrant la nuit, le froid qui s’enfuit. Une clarté déchirant le noir. Les couleurs pâles de l’aube. Éclairant le squelette du manoir. Là-haut sur la colline, abandonné qui domine. L’artificiel passagé de ma destinée. Écartelée par l’étrange vérité. D’être vivant parmi le néant. Distillant la ciguë de mon ennui. Appréciant l’intense mélancolie. Du brouillard laiteux ce fantôme liquoreux. Apposé sur mon visage en masque vaporeux. J’avance sur la neige de mon linceul. A pas furtifs en apportant des glaïeuls. Nos fleurs du bonheur. Leurs couleurs déchirant le noir. Où se love le manoir du désespoir. Fragile et compatible avec mon humeur versatile. Je progresse dans les allées et les chemins. D’un pas apaisé en ce matin je me souviens. Des notes du piano lentes et entêtantes. Elles vibrent en moi me portent, me transportent. Elles sont l’esprit de ce qui nous réunit. Cet immatériel profondément émotif. Passager clandestin de nos destins. Sans projet, haletant aux sursauts de l’imprévisible. J’en ressens le caractère récessif. Il me hante alors que je viens jusqu’à toi. Faisant de nos secrets un monde inaccessible. Un univers vacillant où tremble mon effroi. Mais comme toujours tu ne seras pas là. Et je poserai sur la pierre mon bouquet de fleurs. Avant de devoir composer avec mes peurs. Dans la solitude de l’insoutenable habitude. Me promettant de revenir pour me recueillir. Quand rejailliront les couleurs pâles de l’aube. Cet instant où la pénombre se dérobe. Et me rappelle que tu resteras à jamais immortelle.