Toi, le visage sans les yeux, les grimaces
Blanc et impénétrable, parfois translucide
Qui me regarde, pendant que je me fourvoie, hélas
En tremblant sur l’interface de nos vies fluides
Souviens-toi de nos expressions vides et ténébreuses
Oui, rappelle-toi de ces nuits, de ces heures heureuses
Lorsque l’ombre sur nos pieds venait s’enlacer
Est né ce souvenir dans l’alcôve là où naissent les secrets
Là où s’éteignent les bougies en fermant les yeux
Quand il n’y a pas plus fort que le silence joyeux
De quelques mots, d’un souffle d’espoir, ce soir
Là, face au miroir en narguant l’impossible, le noir
En errant dans le néant de nos labyrinthes en attente
D’un appel, d’une lumière parmi les heures lentes
Leurs mains tentaculaires et vulgaires si proches de moi
Me frôlant en murmurant le psaume des rires d’autrefois
Hauts furent nos rêves s’élevant jusqu’aux notes ultimes
Du requiem fertile pleurant nos squelettes gisant dans l’abîme
Je tremble par convenance mais je ne crains plus le vers nu
Son regard morne, ses appels exclamatifs car je suis plus qu’un aperçu
Une évasion, une émotion, une persuasion, un fragment d’absolu
Je m’exaspère de ces fantaisies qui morcellent les rires plissés
De nos visages, de ces faces vieillies aux cicatrices apaisées