Lentement, régulièrement, imperceptiblement
S’immisce le temps, s’imbrique le moment
Puissamment, irrémédiablement
S’appuyant sur l’immobilisme ambiant
Qui se veut furtif, imaginatif , créatif
Il est en moi, il est en toi, il est notre loi
Où sont les terres de notre sang à vif ?
Où s’abattent les corbeaux sans foi ?
Tous apeurés, atrophiés, paralysés
Allant errant dans leur inhumanité
Je crois en ce temps de forte aisance
A son indolence d’une abominable suffisance
Qui nous brise par ses lenteurs, ses peurs
Il navigue là-bas plus loin que les digues
En ces lieux où naissent les tornades, ses sœurs
Ce laboratoire immoral planté dans la garrigue
Bleues sont les terres de nos imaginaires
Elles ondulent sous le rouleau de l’arbitraire
Nos volontés contrariés, nos rêves assassinés
Prouve-moi l’exception, le contraire ?
Plus haut que les vertiges abyssaux
Plus légers que le son des appeaux
Je donne au silence la vertu du compromis
Encore une fois, juste pour faire comme si
Où s’abreuvent les chevaux assoiffés ?
Dans des lacs aux eaux orangées et salées
Elles gèlent et se congèlent chaque été
Ne sont que les squelettes de tous nos regrets
Aussi, je crois à l’accessible du rien, du futile
Comme un hasard invisible, presque fragile
Comme un impossible devenu imprévisible
Venant ensemencer ma profonde mélancolie
Cette fille capricieuse à tendance ébahie
Nous deux formons ce couple transgressif
Cet assemblage industriel inexpressif
Un composé que l’on affuble d’antan
Oui, nos rires ne sont que rides et acides
Au temps, à l’instant, à ces moments
Souviens-toi du drapeau au vent ; solide et rigide
Capitale furent nos effusions animales
Fatales resteront nos hésitations maximales
L’accepter s’avéra ce premier pas de fait
Vers l’aboutissement d’un sol mosaïqué
Lui le craquelé, notre sécheresse de chaque été
Quand sous l’olivier s’effaça le nuage passé
Et que nos soupirs prirent le reflet d’un or contrarié
Aujourd’hui, nous hurlons face à nos approximations
Car vénéneuses restent nos vertueuses tentations