Dès lors plus vite et plus fort. Dans le tournoiement incessant. Du tumulte de nos vies éparses. J’allumerai le brasier incandescent. De nos rires et de nos farces. En écrivant le testament hystérique. De notre néant mélancolique. Sur un parchemin de tempêtes. Saisissant la plume d’un matin de fête. En donnant la lecture à des hirondelles. Elles ressentiront l’intense frisson. Volcanique de nos sursauts. Intimes projetés vers l’horizon. Nous, seuls sur les flots. Provocateurs en passé mineur. Sans autre bagage que des parcelles de bonheur. Les pieds mouillés par la marée. En tricotant le présent. Il nous restera la possibilité de jurer. Fidélité à ce sentiment d’immobilité. Cette ferveur enflammée. Obsession immaculée. De rêver pour oublier. En donnant le droit à l’instant figé. De s’envoler et de tournoyer. Pour d’un dernier regard se dérober.
Nous laissant ce vide de rien. Le crépusculaire d’un monde imaginaire. Où je sais les pénombres gagnantes. Les matins fragiles et vains. Avec leurs couleurs pâles et violentes. Nous irons au bord de la mer marcher. Confiant à ses ondes naissantes. Le message d’une mélancolie apaisée. En nous souvenant des teintes orangées. D’un soir d’été sur la Baltique. Féérique il s’en était allé. Nous, dans le désir d’en retarder le départ. Seuls face à la langueur du hasard. Il nous reste la trace de cette fatalité. Un compromis soumis et incisif. Écarlate aux couleurs de sang. D’un temps chaque jour répétitif. Nous le savons prochain et naissant. On l’espère et on l’attend. Parmi les odeurs d’une brume voilée. Dans la vigueur d’une incertitude rampante. Il apparaîtra entre les ombres calcinées. Se répandra dans une tristesse éblouie. Puis s’effacera dans la paresse de notre nostalgie.
Et les lames des souvenirs. Se feront larmes de revenir. Demain dans le clapotis infini. Où l’infernal est viscéral. Le furieux impérieux. Alors que du présent versatile. Infuse l’espoir fatal. D’un bonheur immobile. Silhouettes solitaires sur la toile. D’un tableau de Friedrich le romantique. Voguant sur les vagues de la Baltique. Le voile d’un soleil capricieux. Main dans la main nous deux. Vers un quelconque avenir. Dans le silence de notre temps. Où les repères sont murmures. S’assoupir puis briser le mur. Chassant des montagnes glacées. Les terreurs de nos peurs immuables. Ces spectres tristes et désargentés. Hantés de leurs dérives impalpables. Et nous irons en conjurer le sort. En puisant dans la sève de notre corps. L’aube gracieuse d’espérances voluptueuses.