Je voudrais te parler d’un château. Un lieu méconnu au détour d’une haie. Un endroit magique et beau. Je le vois solitaire et fracassé. Avec des murs brisés, une tour haute et droite. Marqué par les souffrances des années. Racontant un passé méandreux et torturé. Ouvert par des fenêtres étroites. Je voudrais regarder dans leurs miroirs. Observer les reflets éclatés et parsemés. De millions d’étoiles dans un ciel d’amertume. Où courent des ombres dans la brume. Vers les recoins de cachettes illusoires. Elles se pourchassent avec l’idée de croire. Que demain elles arrêteront de frissonner. Je voudrais leur en donner l’espoir. Comme ce chat venu se réchauffer. Près de nous devant la cheminée. Nous sommes passés de l’autre côté du miroir. Propriétaires d’un château ou d’un cimetière. Coule dans nos veines le venin d’une insurmontable peine. Nous étions nés pour être des êtres abandonnés. Je te mens depuis si longtemps. Te racontant que nous sommes vivants. Je te parle de la violence de nos sentiments. Comme d’un matin ensoleillé au détour d’une haie. En nous en allant prier sur notre tombeau. Regardant l’azur d’un cœur pur. S’effleurant du bout des doigts. Avant de nous endormir dans notre caveau. Écrasés sous le poids de notre croix.