Entends-tu le son déformé de la fin du monde approcher ? Ressens-tu ton corps se transformer sous la violente poussée ? Du vent mauvais venus nous balayer. Je te vois frissonner, moi trembler. J’ai mal de tout voir s’en aller. Je voudrais me raccrocher à l’idée que rien n’est encore passé. Que tout peut arriver. J’aimerais me réveiller, toujours espérer. En des riens, des détails, toutes ces choses qui me font mal et que j’ai aimées. Je ne peux plus, je ne sais. Quoi toucher, ta peau, tes mains, t’embrasser. Pour tordre le sort, le conjurer. Revenir en arrière dans le silence embué de nos humeurs partagées. A se désirer, se chamailler, se dévorer, se retrouver. Tu me dis qu’il ne faut pas paniquer. Mais j’ai peur de l’idée de nous abandonner. Plus que le vent balayant tes cheveux emmêlées. Plus que le souffre du volcan réveillé. Qui s’approche, va nous brûler. Il reste encore quelques secondes à imaginer. Chercher le mot, la lueur qui pourra dans tes yeux étinceler. Je pourrais te dire que je t’ai aimée. C’est trop banal, c’est… Un triste et pale résumé de tout ce que tu m’as apporté. La fin du monde va nous consumer. Ne rien laisser de ce que l’on a été. Je ne veux pas marquer l’histoire, ni même rester. Je ne peux plus te regarder. Le noir nous a enveloppés. Il va falloir oublier. Il va y avoir le vide puis l’éternité. Le froid, nos corps carbonisés. Peut-être nos poussières mélangées ? Elles continueront de s’attirer. C’est l’idée que je veux emmener alors que mon corps est écartelé, brisé. Restera cette seule vérité. Que nous continuerons à nous aimer. Malgré nos corps émiettés. A jamais. Dans la poussière de l’oubli disséminé.