Il y a au bout des rails ce point lumineux qui t’obsède, que tu regardes chaque matin. Tu crois qu’il te montre le chemin. Celui de fuir, de partir loin. Tu parles de ton destin. Tu hais tes jours sans lendemains. Tu gémis, tu te plains. Sans fin. Que puis-je t’offrir si ce n’est de te tendre la main ? C’est peu à tes yeux, pour moi c’est ce qu’il me reste, je suis sur le déclin. Il me semble qu’entre nous il ne reste plus rien. Mais, je te soupçonne de vouloir monter avec moi dans le même train. Tes mots sont incertains. Tes attitudes sont empruntes de dédain. Pourtant, au fond des tes yeux brillent encore une faible lueur comme quand tu te faisais putain. Nous aimions nos câlins, nos festins. Alors quel est ton dessein ? Partir, rester, aujourd’hui ou demain ? Quand te décideras-tu, enfin ? Donnes-tu un sens à ce comportement qui n’a rien d’anodin ? Il me perturbe, a brisé notre écrin. Je ne crois plus en rien, ni en toi, ni en moi, ni au divin. Je regarde les rails de ce train, ce point lumineux dans le lointain mais je n’y vois plus notre chemin. C’est inhumain. Tu restes, tu ne pars pas, tu es là chaque matin. Je me lève apeuré, ouvre les volets, te vois dans le jardin. La crainte de ton absence s’éloigne jusqu’à demain. Tu iras voir les rails, les éclairs du lointain. Tout recommencera comme hier, comme les autres jours mais cela n’a rien de badin. C’est la folie de notre quotidien. Notre longue chute dans un abyme sans fin. Le jour où je t’ai rencontrée, j’ai su qu’en toi sommeille un diablotin. Il ronge peu à peu ton destin. Consume ceux qui s’approchent de ta main. Sans frein, nous sommes montés dans le même train. Le caractère de notre dérive me fait peur, malsain, il devient surhumain. Je prends peu à peu un plaisir malin. Tu le sais, la folie gagne mon corps, mon âme, se gave du festin. C’est la raison pour laquelle tu restes, tu ne pars pas, tu as compris qu’un jour nous prendrons ensemble le même train.