Chaque fin de journée, lorsque les derniers éclairs du jour suintent sur les murs délabrés, tu reviens vivre dans l’épave de ton château dévasté. Tu détestes ce jour qui t’agresse, ce soleil qui affiche ton érosion. Avant, tu les aimais tant. C’était, il n’y pas si longtemps. Sur la terrasse devant les monts verdoyants, tu t’étendais bronzant, chantant tranquillement. Puis, il y a eu, en ce mois d’été, cette horde de barbares qui s’est emparée de toi, de tes biens, de tous tes tiens. Lorsque les barbares s’en sont allés, le feu a fini de consumer votre passé. Ils ne voulaient rien laisser. Ils t’ont offert en cadeau le néant comme passé, le vide comme projet. Mais dans ton immatérialité, subsiste encore en toi, une trace d’humanité faîte de cette fidélité à l’endroit où tu vivais. Chaque nuit est un retour nostalgique fait de volatilité, de légèreté entre les murs de ta destinée. Tu as jusqu’à la nuit des temps pour donner un sens à ta vie sans présent.