Le magicien est plein de savoir. Jouant avec nos couleurs indigo. Ces teintes déclinées avec des paillettes. Noires et fixées à nos oripeaux. Baguettes rigides de tant de frustrations. Non de celles qui nous ensorcellent. Mais bien de ce lien de chanvre infime. Empruntés aux caresses de notre passion. Qui nous lient en nous laissant infirmes. Au cœur des ténèbres de notre éveil. Lorsque les cauchemars sortiront du sommeil.
Le magicien est triste et secret. Se plaisant à travestir la vérité. D’un ciel azur dans les éclairs du matin. Sur une falaise ou devant un coffre-fort. Alors que de son chapeau sortira un lapin. Plus fort que nos faiblesses intemporelles. Je me rappelle avoir applaudi devant ce tour. Les yeux fermés par l’appel des tranchées. Là où se gagne le combat de la vérité. Amour fragile dans un esprit de liberté.
Le magicien est clone de toi. Sorti en éprouvette du laboratoire de mes pensées. Soit le fruit d’un arbre sous le soleil des tropiques. Ou d’ailleurs quand la neige brûle et pique. Donne-moi une raison de t’éprouver. Trouve un fait pour me faire pardonner. Je suis coupable et innocent. Face à la folie de ta magie. Sur le long chemin de notre parchemin. Aux teintes indigo indéfiniment. Brise ma torpeur. Broie mes peurs. Encore une fois et cette fois.
Le magicien est un gladiateur. Agitateur invétéré de l’éternel. Alors que je ne crois qu’en l’instant. Ouragan qui porte mes ailes. Je danse au-dessus du volcan. En papillon infantile et morbide. Recouvert de la pluie acide. De ce remord tentaculaire et crépusculaire. Qui recouvre la tristesse de mes soleils. Restant là assis et protocolaire. Rigide quand demain sera pareil. Fermentant parmi les miasmes de l’enchantement. D’un impénétrable tour de passe-passe.
Le magicien est invisible. Imprévisible dans un marais de rancœurs. Ile de son âme versatile. Fadeur de ses soleils noirs. Quand des corneilles dévorent des poires. En jacassant au cœur d’une oasis. Parle-moi de ses vices. Conte-moi ses interdits. En brisant le sanctuaire de verre. Où s’abritent ses fragments de mélancolie. Ma pitié est fille de sa morosité. Unie à lui par rébellion. Nous irons jusqu’à demain. Enfin pour rester en communion.
Le magicien est orphelin. Du nom qui pourrait être le tien. Grand bateau blanc échoué. Plus haut que ne fondent les glaciers. Pour toujours là où se scellent les tours. Devant un public contraint et absent. Seul et en tissant le linceul. Recouvrant le corps de nos déclarations. Muettes jusqu’à l’absolution. En projetant le retour prématuré. D’un sourire sur la face du sujet. J’ai applaudi peut-être vomi. Puis me suis engouffré. Dans les abysses de mes paradis.