Je marche à la recherche de notre passé. De ces jours étranges où l’on se promenait. Dans les rues désœuvrés. Toujours attirés. Par ce ciel sous la coupole de verre. Suintant entre les barres de fer. Vu de cette prison où nous étions derrière. A nous demander comment serait notre vie de l’autre côté ? Nous sommes restés si souvent à le contempler. A nous interroger. Pourquoi ? Je ne sais pas. Etions-nous satisfaits ? De ce que nous vivions. A force de tourner en rond. Dans cette ville où nous avions balayé tous les recoins. Si loin. Trop loin. Que nous n’en avions plus de repères. Juste attirés par le ciel sous la coupole de verre. Nous enfuir. Pour aller où ? Ailleurs pour vivre pire ? Nous nous le disions. Pour accepter de rester. Ensemble. Faisant semblant d’aimer nos vies qui tremblent. Goûtant ses frissons dans le froid de notre prison. Suintant entre les barres de fer. Venu du ciel dégoulinant de la coupole de verre. Les mains tendues pour voir, pour boire. Les gouttes de jour. Sur le marbre couvert de glaçons. Tombant de nos larmes vides d’amour. Seuls. Nous étions seuls. Dans la ville prison. Où nous marchions. Dans la pénombre de ces jours étranges où l’on se promenait. Dans les rues désœuvrés. Sans rébellion. Soumis. Aux caprices de cette vie. Imposée. Que nous avions trouvée. Le jour où nous sommes nés. Main dans la main. Grandissant ensemble. Habitués. A tout partager au point que l’on se ressemble. Nos yeux tournés vers la coupole de verre. Ont eu longtemps le même regard. Amer. Rentrant tête basse dans ce trou où nous logions nos carcasses. Dans la nuit noir attendant que le sombre s’efface. Jusqu’au lendemain. Partant désœuvrés dans les rues. Toujours attirés. Par ce ciel sous la coupole de verre. Suintant entre les barres de fer. Nus. Sous l’ondée. De lumière venue du ciel à tenter de comprendre. Dans la répétition de jours las d’attendre. Inondés, détrempés par l’incompréhension. De notre situation. Petits oisillons. Frêles. Sans ailes. Dans la grande cage. Animés de si peu de rage. Jusqu’au jour où tu ne t’es plus levée. Ni, le jours d’après. Puis, jamais. Maintenant, je marche à la recherche de notre passé. De ces jours étranges où l’on se promenait. Dans les rues désœuvrés. Toujours attirés. Par ce ciel sous la coupole de verre. Suintant entre les barres de fer. Vu de cette prison où nous étions derrière. A me demander comment sera ma vie sans toi à mes côtés ?