Il ne reste plus que ton visage. Ses grands yeux ébahis. Regardant vers le ciel. Un horizon évanoui. Je me souviens de ce pinceau léger qui nous a dessinés. De couleurs nous recouvrant. C’était, il y a longtemps. Nos corps s’effaçant. Dans la pierre se mélangeant. Toi, les mains jointes dans une dernière prière. Moi, disparaissant. N’existant. Que par ton regard chargé d’espoir. De me revoir. Sans être. Je ne peux renaître. Sur un squelette transpercé d’une branche d’oliviers. Se sont tracées les artères de mon cœur. Le sang s’engouffrant dans un dernier battement. Celui que tu portes avec les yeux. Jusqu’aux cieux. Ta prière l’emportant. Sur les ailes du vent. Qui l’écoutera ? Je me souviens de ce pinceau léger qui nous a dessinés. De couleurs nous recouvrant. C’était, il y a longtemps. Qui nous regardera ? Le temps est passé. Année après année. Sans jamais nous libérer. Des entraves des ans. Des affres du cancer nous rongeant. Il n’y a plus de couleurs. De pinceau. Pour notre plus grand malheur. Capable de nous rendre ce bonheur. D’exister. L’un à côté de l’autre. Juste pour danser. Se promener. Sur le mur. Gambadant. Inutilement. Silencieusement. Sur les arêtes du temps. Pour que cela dure. Éternellement. Il ne me reste que le souvenir. Triste à en mourir. De ce pinceau léger qui nous a dessinés. De couleurs nous recouvrant. C’était, il y a si longtemps…