Les roses flétries

Vol d’un colibri au-dessus d’un bouquet de roses flétries. Éparses et en lambeaux sur la pierre grise d’un tombeau. Pourrissant sous le voile d’un soleil couchant. Apportant du lointain le souffle d’un dernier soupir. Une respiration languissante et agonisante. L’âme invertébrée d’un corps décharné. Squelette d’os et de poussière, pire. Il est ce néant que tu as en dedans. Que rien ne peut combler ni même apaiser. Certainement pas les chants des anges maudits. Ceux qui en chœur se moquent de ta vie. En aspirant et en volant le temps. Saisissant de leurs mains décharnées les ronces. Qui écorchent leurs doigts, faisant entrer le froid. Comme un coup de semonce. Avant la mort de ces roses coupées perdant la vie. En s’affaissant dans la morsure d’une coupure. Tout en abandonnant le firmament. Je pleure sur cet instant en me rappelant. Le vol d’un colibri au-dessus d’un bouquet de roses flétries. Il va là où se meurt la vie. Guilleret dans un éternel va et vient. Provocant et insolent, il est le diable et nos peurs. Il est notre futur sans lendemain. Il capture et fige nos cœurs. Nous ne pouvons-nous rebeller, ni même appeler. Pour se plaindre de quoi et de qui ? Nous marchons, nous nous perdons. Dans ce jardin aux allées sans fin attendant le matin. Il est noir et gris quand nos jours sont embellis. Par le vol d’un colibri au-dessus d’un bouquet de roses flétries. On regarde le ciel et les éclairs. On sonde les échos du tonnerre. Alors qu’à nos pieds coule le sang de nos tourments. Nos cœurs peuvent-ils encore avoir peur ? J’ai ce sentiment qui m’abandonne lentement. Ce doute qui m’étreint quand je tiens ta main. Proches et seuls, si proches et si seuls. Nos méandres s’écartent dans le ciel écarlate. Qui nous recouvre et appelle les ombres. D’une nuit éternelle, infamante et cruelle. Elle s’étend sur nos corps sombres. Sur lesquels se posent des étourneaux. Épouvantails abandonnés au vent, vêtus d’oripeaux. Nous sommes devenus invisibles et putrescibles. Je t’en supplie accepte mon infirmité. Elle est ma faiblesse, ma vérité. Nous passons ce compromis. Dans un texte mal écrit et inabouti. Il raconte les fragments de nos vies. Alors que mes larmes tombent comme des fossiles. Au fond de ce caveau où tu es immobile.
Lire la suiteAu détour d’une haie

Je voudrais te parler d’un château. Un lieu méconnu au détour d’une haie. Un endroit magique et beau. Je le vois solitaire et fracassé. Avec des murs brisés, une tour haute et droite. Marqué par les souffrances des années. Racontant un passé méandreux et torturé. Ouvert par des fenêtres étroites. Je voudrais regarder dans leurs miroirs. Observer les reflets éclatés et parsemés. De millions d’étoiles dans un ciel d’amertume. Où courent des ombres dans la brume. Vers les recoins de cachettes illusoires. Elles se pourchassent avec l’idée de croire. Que demain elles arrêteront de frissonner. Je voudrais leur en donner l’espoir. Comme ce chat venu se réchauffer. Près de nous devant la cheminée. Nous sommes passés de l’autre côté du miroir. Propriétaires d’un château ou d’un cimetière. Coule dans nos veines le venin d’une insurmontable peine. Nous étions nés pour être des êtres abandonnés. Je te mens depuis si longtemps. Te racontant que nous sommes vivants. Je te parle de la violence de nos sentiments. Comme d’un matin ensoleillé au détour d’une haie. En nous en allant prier sur notre tombeau. Regardant l’azur d’un cœur pur. S’effleurant du bout des doigts. Avant de nous endormir dans notre caveau. Écrasés sous le poids de notre croix.
Lire la suiteDe folles lucioles

Dans le carmel de l’intemporel. Louvoient de folles lucioles. Tournoient et se querellent. Dans un ballet éternel. Se pourchassent et s’enlacent. Dans le cloître où suinte ma mélancolie. Un lieu où j’ai passé tant de nuits. A veiller sur ses insomnies. Devenant la force viscérale. De mon attraction fatale. Pour ces heures entre chiens et loups. Où louvoient de folles lucioles. Dans le carmel de l’intemporel. Se posant sur son autel. Elles sont le corps, l’âme et l’esprit. Du souffle de cette mélancolie. Rendant mes prières douces. Polissant les arrêtes aiguës. Des teintes fauves et rousses. Des silex coupants et pointus. De mes fantômes et de mes cauchemars. Je les craints en vain. M’attirent et me tentent. Dans une complainte lancinante. Ils sont sans pitié, s’étant liés d’amitié. Dans le carmel de l’intemporel. Où louvoient de folles lucioles. Je les invoque. Elles se moquent. M’infligeant la cicatrice de leur violence castratrice. A l’instant où s’unissent mélancolie et nostalgie. Brisant leur écorce et convolant en juste noces.
Lire la suiteLa solitude et le vide

Une pluie de neige. Un arbre qui protège. Du mouvement cinglant du vent. Le froid qui mord. Violemment et si fort. Les doigts, le visage. Dans un outrage. A l’âme et au corps. Qui se tord et appelle. Les journées de l’été. Leurs chaleurs éternelles. Aujourd’hui oubliées. Seul et abandonné. Il ne reste que la peur. Cette intense frayeur. Portée par le silence. D’une lente évanescence. D’une lueur et de sa présence. Là-bas derrière le brouillard. Proche de ce soleil blafard. Où tout se confond. A tort ou à raison. Le présent et le passé. Des morceaux de rien. Tenus entre les mains. Échappés, évaporés. Appartenant au néant. Les regarder s’en aller. Sans jamais les rattraper. Il ne reste que la peur. Cette intense frayeur. De la solitude, du vide. Insondable et acide. Où se dissout. Le rêve fou. De revenir en arrière. Faisant fleurir les pierres. Grises du cimetière. Là maintenant. En cet instant. Sous une pluie de neige. Un arbre qui protège. Du mouvement cinglant du vent. Le froid qui mord. Violemment et si fort. En frappant aux portes de la mort.
Lire la suiteNos matins seront bleus

Nos matins seront bleus, nos nuits rouge sang. Dans la confusion des sens. D’un éternel émerveillement. Le visage face au vent. Marchant en cadence. Sur un chemin de pierres. Les pieds sur des arrêtes aiguës. Sans peur, ni douleur. En quête d’un impossible absolu. Loin des cimetières, de leurs larmes amères. Plus loin que la frontière. De notre imagination. Mise en bière. Dans l’addiction. Perpétuelle de nos contradictions. Balayées par le cyclone. Passionnel de nos êtres. Fusionnels dans le serment de clones. De chairs et de sang. Totalement dépendants. De l’équilibre du temps. Nous en serons les métronomes. Dans le balancement du firmament. Avançant sous son dôme. Main dans la main. Ivres et libres. Nos matins seront bleus, nos nuits rouge sang. Dans l’existence solitaire. De nos tristes manières. Hantant le ciel et la terre. L’espace intemporel. Brisant toutes les passerelles. Toi et moi. Magiciens du lendemain. Faisant briller des étincelles. Ribambelle d’étoiles filantes. Dans une nuit sombre et noire. A l’odeur envoutante. Nous effaçant dans la confusion des sens. D’un éternel émerveillement. Le visage face au vent. Marchant en cadence. Et disparaissant sur deux pas de danse.
Lire la suiteCe matin j’ouvrirai la fenêtre

Ce matin, j’ouvrirai la fenêtre. Repousser les limites et renaître. Dans la lumière d’un matin frileux. Au cœur des couleurs de l’intemporel. Face à la violence d’un soleil lumineux. Contre l’ombre d’un arbre rebelle. Respirant l’air froid comme si c’était la première fois. Les yeux fermés, les mains ouvertes. Pour sentir et ressentir. Ce sentiment d’être vivant. Oublier l’immense perte. D’avancer les yeux clos. Aveugle à l’impossible. Visant le bas plutôt que le haut. Imaginant des projets inaccessibles. Faisant de l’inutile. Une variable facile. Ce matin, j’ouvrirai la fenêtre. Accepter l’imprévu pour être. Dans le vent emporté et fragile. Les sens en éveil. Seul sur une île. Rescapé d’une tempête intérieure. Au cœur d’un phare je veille. Observant le lointain. Les vagues et leur rancœur. Qui m’assaillent maintenant et demain. S’endormant sur les plages. De ma mélancolie. Tendres et sages. Avec l’envie. Irraisonnée. De t’aimer. Ce matin, j’ouvrirai la fenêtre. Être devant toi. Et te le dire de vive voix. Pour toujours et encore une fois. Dans tes yeux je vois. L’absolu d’une demande absolue. S’en aller au-delà des frontières de notre vue. Dans la lumière d’un matin frileux. Au cœur des couleurs de l’intemporel. Face à la violence d’un soleil lumineux. Derrière l’ombre d’un arbre rebelle. Sans se retourner, sans regarder le passé. Pour juste t’aimer.
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