Quarantaine. Jour 43. Philosophie

Parfois, tu m’observais en restant silencieuse. Je ne savais pas comment me comporter ? Ton regard me perturbait, m’interrogeait. Étais-tu heureuse, inquiète ou juste prudente ? Ce regard m’a longtemps glacé. Ensuite, tu n’as plus été la même, devenant distante moins présente. Nos temps se sont écourtés pour finalement s’arrêter. Je me suis souvenu de tous ces textes de philosophie que j’apprenais à la chaîne, ces logiques qui devenaient les miennes. Toutes ces interrogations sur l’homme et son devenir ?
Aucune ne m’a expliqué ton départ.
Lire la suiteQuarantaine. Jour 42. Vaine

C’était hier soir quand l’idée du lendemain me portait peine. Avec l’incertitude d’une autre journée vaine. J’aurais pu être emporté dans le tourbillon de multiples projets. Avoir une existence passionnante et trépidante. Me perdre dans des problèmes insolubles et monstrueux. Me donner la certitude d’être important, exigeant, omniprésent. Être vu et faire trembler d’un regard d’un battement de cils et mieux encore laisser l’ombre de mon absence instiller le doute et la crainte. Je pourrais être le pouvoir d’un royaume invisible à forte variation budgétaire en courbes XXL sur un écran de verre. Artiste du virtuel, entrepreneur d’un espace castrateur où mes sujets seraient à mes pieds.
Lire la suiteQuarantaine. Jour 41. Nuit

J’irai me promener cette nuit. Dans les rues vides aux lumières tamisées de couleurs orangées. J’aime la pierre des maisons, l’abrupt fondateur de leurs limites au regard qui viennent canaliser toutes formes de peurs. Je me sens vide. J’apprécie ce sentiment lancinant. Il se répète à chaque pas, berce mon ennui. J’aime la nuit. Elle fait partie de moi. Je l’aime comme un bouclier invisible. Elle me protège du bruit, des fureurs, de l’agitation qui se répand le matin lorsque je m’éveille, le chat sur la poitrine. Il a dû s’endormir lorsque je me suis assoupi cette nuit.
Lire la suiteQuarantaine. Jour 40. Quarante

Je sais qu’il existe des portes qui ne s’ouvrent pas. Que derrière traînent des odeurs frelatées capables de nous envenimer. Tu me l’avais dit. Mais, dans l’inconstance de mon quotidien, je n’y avais pas apporté attention. Nous étions dans un autre monde parallèle. Où les idées se nourrissent et se meurent dans la beauté de moments tranquilles et doux. Il n’y avait pas de violence entre nous. Je ne savais pas ce qu’était souffrir d’amour. Tu étais là en permanence, pour moi toujours.
C’était bien.
Nous étions si bien.
Lire la suiteQuarantaine. Jour 39. Triste

Le chat se réveille, il plante ses griffes en s’étirant.
Il m’extirpe de mes rêveries. Je blêmis en pensant à notre passé comme s’il s’agissait d’une simple rêverie. C’est mesquin, limitatif et infantilisant. Pourtant, c’est cette expression qui m’est venue à l’esprit. Nous deux étions dans un rêve. Il en avait le coton, la douceur blanche d’une ouate protectrice et bienfaitrice. Nous ne savions pas qu’en dehors rodait la tristesse.
Lire la suiteQuarantaine. Jour 38. Imaginaire

Je ne t’ai pas creusé de tombe. Toi, ma muse imaginaire. Tu l’aurais refusé de toute manière. Tu disais vouloir partir et être oubliée. Ne pas devenir posthume et objet de culte. Tu savais que j’aurais souffert d’être présent à tes obsèques, de devoir pleurer et m’apitoyer. Tu ajoutais que mon cœur saurait conserver quelques éclats de lueur. Tu invoquais notre passé comme ce temps de félicité à devoir conserver. Tu seras heureuse de savoir que je l’ai embaumé. Avec ma peine, mes remords dans du papier glacé. Souviens-toi de nos vols sur les étendues gelées, les montagnes blanches et givrées. Nous allions si loin vers des univers sans fin. Dans le froid, le silence revêtus de la douleur blanche de l’ennui.
Lire la suite