À jamais immobiles ?
Je te parle d’infini, d’une envie, notre vie
D’un état extatique aux formes amoindries
Cette eau échappée d’une cavité, un talisman
Entre les doigts d’un dieu, presque un enfant
Immature face à nos rebellions, souviens-toi
Lorsque nos tremblements éveillaient notre foi
Dans l’instant, ce paravent au vice de la fatalité
J’ai en moi cette porosité de t’aimer, de t’admirer
Je te parle d’infini, d’une envie, notre vie
Lassée de nos variations, polies et arrondies
Nos silences, leurs cris, la rédemption
D’une fatalité aux os effrités, aux rires effacés
L’offense de violer le sanctuaire d’une exception
Banalement en avilissant nos concessions au sacré
Stupidement pour exister avec le plaisir de haïr
Jusqu’où irons nous pour encore frémir et rugir ?
Je te parle d’infini, d’une envie, notre vie
D’une particule, d’un effleurement imperceptible
D’un tout, d’un rien, sur un papier tracé au fusain
Par le prétexte de fusionner, de devenir inaccessibles
Nous effaçant en validant les suppositions d’un devin
Elles entailleront nos certitudes, écriront la fatalité
Émotionnelle de nous perdre dans le labyrinthe violet
Dis-moi si peindre hier donnera une couleur à nos enfers ?
Je te parle d’infini, d’une envie, notre vie
D’une mélodie, cette folie rageuse comme une anxiété
Un abîme aux tréfonds de nous, fous de cette vérité
Violente, irrationnelle, vertueuse, quasiment vénéneuse
La magie d’un tremblement, la métamorphose heureuse
De nos fantômes qui séduiront des nonnes aphones
Danseront avec elles sur une musique qui cartonne
Pourquoi leurs effusions resteront-elles sans passion ?
Je te parle d’infini, d’une envie, notre vie
Sans rancœur, le soir à la lumière d’un bougeoir
Témoin d’une infortune, sans rien, ni même avoir
Courir pour ne pas être vu, s’effondrer, s’assoupir
Par instinct, avec l’esprit de survie, ne pas mourir
Explorer l’inutile, lui donner un sens, une idée majeure
Maintenant à toute heure, j’attends encore cette lueur
Existe-t-il un lieu où nous resterons à jamais immobiles ?
Lire la suiteL’éloge du néant
Quand s’échappe le vide entre nos mains
Lorsque sur le derme ne subsiste que le néant
S’étendant jusqu’aux frontières du lendemain
Qu’irrémédiablement s’endort le souffle en dedans
Assure-moi que nous resterons immortels
Que nous hibernerons intensément fusionnels
Dans le labyrinthe de notre cheminement
Parmi les riens de nos matins benoîtement
Lorsque le blé de nos humeurs sera moissonné
Et que notre humanité s’éparpillera mouchetée
Vers les contreforts de cimes cristallisées
Je ressens leur froid se répandant en moi
Comme le vent s’enroulant autour de la croix
Versatiles sont les explorations de nos impossibles
J’ai l’ignorance, cette incapacité de l’indisponible
Pour rester droit et franc face à l’irrépressible envie
De réécrire une histoire, peut-être même notre vie ?
Avec des ajustements, des variables infinitésimales
Comme si ces détails avaient une valeur maximale
Écart entre le passé, le vrai, demain, un autre destin
Faille d’une profondeur abyssale traçant le ravin
Entre hier et maintenant, je frémis face à l’immaturité
De ce nécessaire inutile qui caractérise nos infirmités
La mélancolique errance tracée sur une toile vierge
Deux silhouettes sans corps, se consumant sur le cierge
D’une immortalité désuète, aux aurores carcérales
L’emprisonnement de la répétition sans repère cardinal
Où sont enterrés les héros de nos existences fanatiques ?
Dans le trémolo lénifiant de propos dithyrambiques
J’entends le requiem de nos promesses inabouties et
Je m’endors sur nos étés fabriqués avec une pudeur contrariée
Lire la suiteLes ombres
Je pourrai aimer les ombres crépusculaires
Leur donner un nom à l’emporte pièce
Comme une pantonyme stupide et fière
Spectateur devant elles d’un absolu d’espèce
Dans une variation inaboutie de notre ennui
En transhumance parmi un désert infini
Ces nuits où s’éteignent les bougies
Dans un souffle las, nos nuits à petits pas
Et si les rêves s’exfiltraient dans un imaginaire ?
Je saurais les retrouver sur d’autres terres
Là où vécurent les dinosaures de notre passé
Tu sais ces incertitudes toujours pressées
Lorsque nos cœurs battaient prestement
En s’unissant dans les tempêtes et dans le vent
Je vibre encore un peu, insuffisamment
Il me reste si peu, des détails, une faille
Profonde, ciselée comme une entaille
J’en lèche le sang dans un aboutissement
Où sont les ombres d’hier, crépusculaires ?
Cachées, effacées ou simplement s’endormant
Sur le lit de feuilles mortes, ce tapis de l’amer
Sur la langue, alangui, dans un frémissement
J’irai narguer l’inutile, toujours, encore cette fois
Cette carapace frigide en souvenir d’autrefois
Perdu dans l’immensité, voyageant sur un traîneau
Vers l’aube avec le poids abyssal d’un fardeau
Celui de nos compromis affadis et racornis
Rouges à jamais seront les fossiles de nos vies
Lire la suiteFolie
Il y a dans notre torpeur
Les signes inquiétants
D’une fêlure, d’une peur
S’alimentant sournoisement
En avalant les jours et les nuits
Dans une lente agonie de gris
Cette ombre tentaculaire
Qui sur nos têtes s’agglomère
Je bois tes paroles anciennes
Toutes encore sont miennes
Vides, nauséeuses, atomiques
Tu parlais de néant à venir
Avec cette idée de pathétique
Comme si nous étions sans avenir
Aujourd’hui je crois en cette folie
Lire la suiteNos enfants
Je te parle de violences impardonnables
En rémission à nos exceptions improbables
Comme des langueurs sur nos océans perdus
Comme une torpeur sur nos draps étendus
Je te parle de ces miettes indéfinissables
De ces infusions à caractères infinitésimales
Tremble le vent sur le blé de nos plaines rases
J’ai cette faiblesse de te remiser dans une case
J’entends l’instant, ses frémissements, son enchantement
Beaux seront nos sermons, faux seront nos enfants
Je les imagine vertueux, critiques à notre égard
Allant au bal magique se brûler puérils et nostalgiques
Là-bas derrière une haie, frappant à la porte du hasard
Ainsi seront écrits les mots du poème mélancolique
Lire la suiteLes méandres de l’instant
Tandis que la lune cajolait nos désespoirs immobiles
Je pensais à ce monologue de la peur quand s’abat l’hiver
Une variation d’un effroi fait d’errances tièdes et graciles
Lorsque la tendresse incestueuse impose de dessiner l’enfer
Dis-moi pourquoi exagèrent ces brumes oniriques ?
Parfois leur frénésie m’exaspèrent. Quel triste cirque !
Il en est ainsi de nos exaspérations lentes et capiteuses
Toutes ont un goût de bouchon, de larmes infectieuses
Pourquoi danser ou verbaliser un présent indéfendable ?
Nos êtres n’ont de sens que d’être fondus dans l’oubli
Je sais oui je sais que nous étions falots et condamnables
Dans les rayons d’un soleil triomphant aux pâleurs aigries
Je tremble des soirs qui sur moi se profilent et m’entravent
Bohèmes dans les plaines d’Asie centrale où plane l’aigle
Plus forts que nos émotions vertigineuses, presque graves
Le testament d’hier a été rédigé sans nous, faut-il une règle ?
Aisance de paroles quand le chœur s’empare du requiem
Monte dans la voûte les variations électriques d’un état
Une façade que j’abhorre sur le vitrail pareil au même
De notre endormissement sur les touches d’un piano las
Nos spectres sont sans reflet, ils nous laissent nous imaginer
Faut-il être beau pour se sentir bien dans sa peau, être aimé ?
Je te parle tendresse par complaisance pour tuer le silence
Danse petite colombe, virevolte tant que somnole l’indolence
Les pénombres sont affolantes presque complices triomphantes
Au soleil noir de la peur se crucifient par facilité intransigeante
Maquillant le vrai en nageant sur l’immensité parcellisée et violet
S’évade l’esprit de l’enfant qui balbutie un passé décomposé
Je bois l’onde de nos émotions transgressives en pensant à l’exil
Ces terres à venir qui hument le présent de demain sur une île
Tous les lieux ont une âme, laborieux nous avons perdu la nôtre
Je le sais. J’en ai vu le reflet dans le miroir tendu aux autres
Qui pourra encore nous prendre pour des bigots, des salops ?
Par complaisance les saints facilitent le toucher de ce qui est beau
Les blizzards affadissent les mortes feuilles d’un automne pluvieux
Qui tiendra le parapluie de nos infirmités joyeuses, peut être un envieux ?
Je sais la solitude permanente quand fumant s’ouvre l’enfer
Je déplore la rondeur de ce monde triste, funeste vierge de fer
Toi qui méprise l’odeur de l’encens des matins versatiles et frêles
Où irons nous abreuver nos humeurs fécondes, agiter nos crécelles ?
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