Ce soir, dans la pénombre du lointain s’endormiront les teintes d’un pâle matin. Embaumées dans la patine d’une toile dessinée au fusain. Traversée par les balafres de branches scarifiant le ciel. S’enveloppant dans le souvenir fugace d’une journée sans trace. Laissant le froid et le silence d’une rivière qui s’en-sommeille. Coulera l’âme d’une eau trouble aux remous qui s’enlacent. Dans la danse d’un diable aux multiples farces. La pesanteur de l’air, son odeur, porteront le parfum de l’humidité. Qui se rependra avant que ne tombe le voile d’une nuit étoilée. Le chant des oiseaux s’éteindront. Laissant le théâtre vide, la scène abandonnée, la mort pour invitée. Rampante, mordante, lancinante, tournant en rond. Comme une bête fauve en mal de nourriture. Les yeux hagards, le poil terne, prête à déchirer. Par faim, par envie, par plaisir, se jetant sur la moindre pâture. Seul, le jour naissant pourra la chasser. D’un trait de couleur blanche se levant. Ce soir, dans la pénombre du lointain s’endormiront les teintes d’un pâle matin. Embaumées dans la patine d’une toile dessinée au fusain. Où se mélangeront la vie, la mort. Entre le blanc et le noir, appelant la complainte grise d’une voix extirpant l’or. D’une journée remplie de torpeur. D’un ciel peint de ternes couleurs. S’oublieront les petits détails du jour, les bruits, les cris, la peur, la plainte, le dernier gémissement. S’imposera alors l’insolent silence du vide après l’ultime tremblement. Laissant amer une croix pour se souvenir d’hier.