Je ne sais plus. Je ne me rappelle plus. Le son trublion de nos effusions. Ces cris aux frontières de l’envie. Dans la passivité de nos infirmités. Comme de s’aimer sans se parler. Ou de s’entrelacer dans les remous. Des torrents de nos contradictions. J’irai narguer le vautour en suspension. Sur nos dépouilles d’os et de rouille. Lui offrant nos maux en cadeau. Pour l’amadouer et sur sa langue placer. Le miel et le sel éternels. De nos jours, de nos nuits, de nos amours. Pendant qu’il deviendra le chien de garde. De ces dérives paillardes. Entre les cœurs sanguinolents. De nos heures passées et défuntes. Lorsque le soleil caressait nos plaintes.
Mais laisse-moi te dire que je t’aimais. Laisse-moi te le rappeler. De manière brève et confuse. Sans que la Lombarde n’en abuse. En lisant sur les lignes de ta main. Le son nasillard d’une idée revancharde. Maintenant ou demain. Comme si j’avais cabossé ton âme de hussarde. En lui promettant l’impossible. Et ne lui offrant que le possible. De quelques mots bienveillants. Insuffisants pour calmer ton caractère versatile. Alors je m’adresserai à ton âme bissextile. Lui comptant un présent de quatre ans. Dans la suavité de nos infidélités. Comme cette violence de notre immortalité.
J’erre dans le livre de notre néant. J’en récite les épitres machinalement. Et, je m’en vais te retrouver. Sans peur et sans crainte. Avec la conscience affirmée. Que nos retrouvailles seront feintes. Dans la mesure majeure. Des notes d’un orgue supérieur. Puis nous nous encanaillerons. En dévorant les viscères de nos enfers. Buvant le vin noir de vignerons. Ayant pressé le raisin vert. De nos luttes et de nos guerres. Tu me parleras de paix. J’entendrai que tu me hais. Mais je t’offrirai le sourire. Factice de pouvoir te séduire. Toi, dupe et naïve à en souffrir.
Et dans le jardin aux immortelles. Nous irons présenter l’image superficielle. D’amoureux complices et affreux. J’aime cette idée du blanc sur le noir. Comme la magie de notre premier soir. Où j’ai succombé aux liqueurs de notre bonheur. Ivre et fragile à l’unisson de notre hystérie. Tu l’as définie par de la magie. J’y ai vu le délice travesti. D’apprivoiser puis de fusionner nos tragédies. En pansant les plaies de nos fragilités. J’ai dans ton monde planté. La graine de nos évangiles. En répudiant le temps indocile. De te voir vieillir puis de t’assoupir.
Alors il me sera donné d’espérer. Pouvoir bloquer les oscillations du temps. D’un coup de pinceau ou d’un mouvement. Sur une toile, un voile ou une étoile. Violemment dans la caricature de nos parjures. Ton corps là tout contre moi. Dans le pas lent de quelques claquements. Sois l’âme et l’esprit de nos envies. Tournoie à l’infini autour de moi. Sur l’or d’une porte et de son armure. Dans l’abolition de nos exceptions. Tremblons et succombons à notre rédemption. Et sous le poids imputrescible de nos lambeaux. Laissons vibrer les pulsations d’un dernier tango.
J’ai sucé tes doigts, goûté le sang. De nos dérives dans le cri alarmant. De donner à l’effrayant les couleurs. De nos heures vives et hérétiques. Quand notre présent devenait féérique. Virevoltant, entraînant et fascinant. Donnant à nos spectres les teintes d’une aube. Naissante et fragile ; belle et superficielle. Dans la cacophonie de perruches andalouses. Et je me suis prosterné à tes pieds. En culpabilisant devant ton âme jalouse. Coupable d’en avoir renforcé sa férocité.
Tandis que tout s’éloigne à perte de vue. Je ne sais plus. Je ne me rappelle plus. Ni le son trublion de nos effusions. Ni ces cris aux frontières de l’envie. Je dessine des traits sur la voie lactée. Insolents ou provocants. En barreaux d’une prison aux bons sentiments. Derrière lesquels nous irons convoler. Tourtereaux à jamais condamner. A lire les jours et les nuits dans un même soupir. Et nous nous enlacerons sans nous dérober. Dans le velours d’une sensualité avérée. Où la musique sera caresse. Où la danse sera délicatesse. Et nos corps unis dans une fusionnelle tendresse.