Je t’ai attendue sous la lumière blanche. Celle qui éclaire l’enseigne du linge de maison. Là, où tu m’as dit qu’un jour nous irions acheter le notre. Je n’y ai pas cru. Je ne te l’ai pas montré. Tu avais le droit de rêver. De me raconter tous ces projets que tu faisais. Pour nous, notre avenir. C’était bon de les entendre. Tu étais en paix. Je t’écoutais. Nous étions si bien. Cela me suffisait le matin. Quand, je venais te rejoindre, que nous marchions main dans la main. Je savais que tu pouvais pour un rien t’enflammer. Un caractère de feu. Pour un mot de trop. Pour une contradiction. A l’inverse de ta passion. Comme hier. Où j’ai eu le tort de te contredire. S’aimer, c’est aussi avoir le droit de tout dire. Sans se retenir. Je le pensais. Tu ne l’as pas accepté. Pourtant, il n’y avait rien de mauvais. Mais, pour toi, ce n’est pas comme ça que cela devait se passer. T’aimer. C’est te désirer. Au point de sacrifier ses idées pour t’honorer. Je ne l’ai pas fait. Je t’ai attendue sous la lumière blanche. Sachant que tu ne viendrais pas. Trop orgueilleuse. Je suis resté. Pour ne rien regretter. Le magasin s’est fermé. Laissant la lumière blanche m’inonder. Dans le reflet de la vitrine. J’y ai vu ma triste mine. Au-dessus, l’enseigne du linge de maison. Là, où tu pensais que nous aurions pu, un jour, acheter le notre. Je sais maintenant que tu y viendras avec un autre.