Je viens te retrouver. Tu seras au bout de ce long couloir. Cet espoir porte mes pas dans cet océan d’angoisses qui me submergent. Je frôle ces épieux qui éperonnent mes frayeurs. Je touche leurs têtes sanguinolentes. Elles sont rieuses et mielleuses. Elles comptent l’histoire de mes répugnances.
Infamantes, elles sont les plaies qui m’ont accompagné en bordure des chemins et des allées où je suis allé me perdre. Ces terres de désolation, de mauvaises rencontres, les festins giboyeux de commères malsaines. J’en ai si souvent vues se reproduire à la chaîne. Elles m’ont usé. Elles ont scellé la tombe de tant de fatalités. Tu étais présente pour m’aider à me relever. Je faisais appel à toi pour remonter la pente. Tu es la seule à ne m’avoir jamais trahi. Maintenant, je peux te le dire dans nos souvenirs évanouis. Avant, j’avais de la pudeur ou peut-être plus de la retenue. J’étais ébloui, oui c’est que je pensais. J’ose enfin l’affirmer. Face à ce vide qui m’étreignait, tu étais ma seule issue. Un fanal au bout d’une perche comme maintenant dans ce couloir où trébuchent mes pas.