Oh toi ma reine, colombe de mes interdits. Cantatrice de mes nuits sans échos. Je te donnerai un nom inabouti. En forme de talisman ou d’appeau. T’appellerai indispensable ou déraisonnable. Sans autre projet que de trouver dans ma dépendance. L’affirmation d’un rite ou de sa correspondance.
Je l’ai rêvé puis enfanté dans ma mémoire. Laboratoire de mes occlusions crépusculaires. Où le minéral de nos excès est un corps lourd. Lunaire qui conservera à jamais l’ombre de notre amour. Il deviendra le fruit de notre Éden passager. Nous en laverons le corps puis en laperons le sucré
Alors, j’irai chercher dans les trajectoires de nos astres morts. Des larmes aux vapeurs de gaz et d’or. Et dans l’écuelle de nos alvéoles. Je ferai couler l’infusion de cet alcool. Brûlant notre bouche, irradiant notre langue. Dans le louvoiement d’un radeau qui tangue. En addiction de ta peau au goût de mangue.
Viendra alors le temps outrageant. De violer notre déraison en la baptisant. De nos excès tapageurs devant le miroir hâbleur. Tatouant d’une encre sépia sur nos visages. L’anathème de nos faces sacrifiées. En appliquant le derme d’un passé hors âge. Qui fut et me fait trembler. Dans la confusion d’une sanction sans absolution.
En cherchant parmi hier le parapet. A nos vertiges intenses et précipités. Quand la colombe se noircira du charbon. De notre ennui au fatalisme bougon. Et deviendra incestueuse compromise avec nos désintérêts. Alors, je me soumettrai en me prosternant à ses pieds.