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gothique et romantique

Notre maison

Publié le 3 Jan 2013

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J’ai voulu fermer la porte pour ne rien regretter, nos vacances, nos moments de vie, ensemble à contempler le ciel d’été, les flammes hivernales de la cheminée. Au fur et à mesure que la voiture dévale la route bordée d’arbres, j’essaie de me rappeler. Comme un test pour me souvenir, savoir que je suis en mesure de retenir. Ce long escalier que j’ai vu descendre jusqu’à moi une dernière fois. Tu n’étais pas en haut, tu ne l’es plus depuis si longtemps. Je ne me rappelle plus vraiment cette image où tu le dévalais en courant. Ce n’est pas si vieux mais j’ai oublié ne m’en veuille pas. J’ai regardé une dernière fois cet escalier en pensant à toi. Ta présence me manque tant. Je fais semblant de vivre sans. Solide comme un roc, fragile comme un colosse aux pieds d’argile. Au bas de l’escalier, il y avait le vieux canapé où nous venions nous effondrer après nos courses dans les prés. Par pudeur, je l’ai recouvert d’un drap blanc. J’ai eu l’impression de placer sur les ombres de nos vies le voile définitif qui les étouffera. C’est cela qui m’a le plus touché. J’ai refermé la porte sans plus rien regarder. Je me l’étais promis. Je n’étais plus sûr de rien, ni de moi, ni de cette envie de vendre la maison de notre passion. Sans toi, elle était une coquille vide. Au moment de la quitter, j’ai compris qu’elle faisait partie de ma vie même sans toi. Tu l’habiteras à jamais. Je n’y reviendrai pas. Je n’en aurais bientôt plus la clé. Un jour prochain quelqu’un ouvrira la porte, pénètrera dans notre paradis. Il enlèvera le drap du canapé, le jugera trop vieux, élimé. Comme nos souvenirs, nos vies que cette maison a abrité. La route entre les arbres s’achève. Je me souviens de la première fois où nous avons fait le chemin inverse; moi conduisant, toi anxieuse de découvrir. En haut, derrière un mur, le feuillage de bosquets, la maison est apparue. Maintenant, je ne la vois plus dans le rétroviseur. Les troncs des arbres de l’hiver me la cachent. C’est le moment que je redoutais le plus. Celui de savoir que tout est fini. Je ne l’avais pas imaginé de la sorte. Une foule de souvenirs m’assaillent, me tenaillent. Je ne veux en conserver qu’un seul, toi descendant l’escalier en ce premier matin d’été te jetant dans mes bras.

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