Dans une errance fugitive, je cultive le présent. Cet instrument qui me retient au-dessus d’un vide. Envahissant aux visages tristes et candides. Mes fantômes d’hier sont de ceux-là. Quelque part marchant à petits pas. Dans un labyrinthe de feuilles et d’herbes. Ils se lamentent pour des riens. Ânonnent des phrases sans verbes. Cultivent la fatalité de chaque matin.
Mélodie sur un pont interdit. Je n’irai pas sur l’autre rive. Boire leurs calices remplis de jalousie. Mais je lutterai contre cette lente dérive. En fantassin d’un combat assassin. Malgré cette douleur sourde et profonde. L’onde qui m’envahit et pour laquelle je succombe. A l’ambiance sinistre de catacombes. Ce temps creusant sa tombe. Dans l’agonie d’une époque sans envie.
J’irai dans le labyrinthe, les mains jointes. Par humilité ou par compromis. Entendre mes fantômes et comprendre. Si je deviendrais comme eux ? Si je devrais m’avilir face à eux ? Afin de les amadouer ou de les renier. Dans une lutte sans merci mais il en sera ainsi. Sous le soleil caractériel de nos haines fusionnelles. Pour suspendre l’instant larmoyant par nos larmes de sang.
Alors il en restera une vision aléatoire. Celle de donner à demain un vernis sans espoir. Celui de nos corps constitués d’inhumanité. Il existe peu de différence entre eux et moi. Nous avons signé ce compromis. Par souci de légiférer notre foi. En un texte fade et sans vie. Qui nous ressemble et nous assemble. Dans le dédale de ce labyrinthe. Où du silence s’échappent nos plaintes.
Se morfondre deviendra notre acte d’amour. Il ne restera que cette faiblesse pour suspendre. Une pénombre s’abattant sur nos tristes jours. Tendresse sans caresse. J’aime embrasser le fantasme qui transgresse. La mélancolie de notre paresse. Ce néant sans appel voluptueux comme une diablesse. Qui se confond avec le mirage de nos jouissances scélératesses.
Et dans un soupçon d’infini. Une déviation de notre temps. Nous irons musarder dans des champs de muguets. Aussi noirs que nos ciels s’endormant. Et sous l’ombre de chênes tentaculaires. Nous lirons des poèmes crépusculaires. Écrits avec les aurores boréales de nos transgressions. Fertilisant nos rancœurs et nos frustrations. Dans ce rituel factice de notre mansuétude. Le masque fauve qui cache notre platitude.