Il y a une image qui revient sans cesse comme une porte qui n’arrive pas à se refermer. Frottée, usée sur l’échiquier des regrets, des mots rejetés, des pensées construites sans être délivrées. Par peur de ne pas être comprises ou simplement par lâcheté. Il y a cette image d’un visage qui s’en va, que rien ne retient.Pas même un souvenir, une larme, un geste de la main. Il pèse cette impossibilité dans la lourdeur contrainte de rester spectateur. Victime d’une absorption, d’une réclusion dans un espace temps où s’infiltre la lenteur. De voir se dissiper derrière les nuages de la mémoire. La vivacité d’un regard, la lumière d’un sourire, le reflet passager du bonheur. Il ne reste rien ou si peu à choisir entre espoir ou désespoir. Il y a tant à reconstruire, combler le vide, maquiller les cicatrices à jongler avec les artifices du jour et du soir. Il baigne comme une impuissance autour d’un îlot de résistance. Qui allume la lumière du souvenir enveloppé de l’oubli des années. Sans tolérance dans une totale dépendance. A ce fil impossible à tendre entre le réel et le passé. Coupé au moment de le raccorder. Qui pourtant cherche toujours à se connecter. Au-delà du brouillard, des images vieillies et glacées. Dans la posture de statues plantées dans la commémoration d’une idée abandonnée. Au moment où le voile s’est levé, emportant leurs secrets. Ne laissant que le souvenir d’un regard embrasé, l’appel d’un dernier baiser. Il n’y avait que lui pour le lui donner.