Nos squelettes ne nourriront pas ces loups courant derrière nous. Reniflant en charognards le pas traînant de notre errance. Cette dérive que l’on assume sans repentance. Tu prétends qu’elle s’arrêtera peu à peu. En étant seuls et heureux. Je ne le crois pas n’ayant pas fait ce vœu. Comme ermite ou pénitent je vois la solitude. Comme une force et non comme une incertitude. Le silence est sang de cette répugnance. A la routine de notre quotidien en roue libre et sans frein. Tes yeux ne peuvent affirmer le contraire. Bien que tu le dises en le croyant dur comme fer. J’aime ton regard, ces mots muets qu’il se plaît à prononcer. Je les entends me parler infiniment. Le temps nous a donné cette richesse. D’être parvenus à ce degré de tendresse. Se comprendre au touché, s’effleurer pour communier. A une idée pleine et entière. J’aime notre temps, notre cimetière. La fraîcheur, la rudesse de ses pierres. Jouant à cache-cache avec les spectres qui nous hantent. Ils nous offensent, ils nous tentent. Leur monde enseveli ne nous fait pas envie. Nous rêvons d’un autre temps, d’une autre vie. A jamais notre vouloir portera la couleur du noir. Dans le deuil du soleil et du jour. Tour à tour on dansera dans des caveaux enfumés. Glauques sur une voix sombre et rauque. Provenant des catacombes de nos amours. Unis sans s’être dit oui. On n’est pas obligé de tout partager. De se coller pour penser s’aimer. Émiettés et morcelés le vent nous a emportés. Sans avoir de mots pour définir l’intense désir. De violenter le corps brisé de nos squelettes. Ces confettis de poussière jonchant notre cimetière. Nous finirons là bas le cœur en fête. Sur ce sol où l’on se plaira à profaner notre loi. Sans autre projet que d’avoir cette foi. De piétiner et d’écraser les remords de notre passé. Et, parviendrons-nous à nous accorder la paix ?