Je n’ai pas de mots pour décrire, écrire. La confusion de mes sentiments. Titubant, se balançant dans le vent. Se cognant aux murs, aux arbres, au temps. Je n’ai pas de mots que des sursauts. La haine, la rage, j’enrage. Mes doigts heurtent le clavier. Massacrent les notes sans pitié. Appuyer pour écraser, frapper. Détruire pour fuir. Je ne puis que subir. L’infusion du venin dans mes veines. Un sentiment d’endormissement. La mélancolie de l’ennui. Une histoire vaine. Notre passion qui tourne en rond. Ritournelle obsessionnelle. Proche de l’abandon. Je joue la triste partition. Celle qui rappelle. Les brumes de notre nostalgie. Perdue de vue. Entre les arbres du parc. Au début de l’automne. Sur un tapis de feuilles roussies. Dans le cœur la flèche d’un arc. La fin qui sonne. Je voudrais décrire, écrire. L’impression du néant. Prenant, étouffant. Les sons vides du piano. Pour t’appeler, te rappeler. Je n’ai plus la force de l’ensorceler. De briser l’écho assourdissant du tonnerre. Qui dehors électrise la terre. Les cheveux au vent. La pluie dégoulinant. Je cours après ton ombre. Entre les fantômes du passé. Les spectres qui sortent de la pénombre. Dans le cimetière aux pierres cassées. Là où pousse l’herbe abandonnée. Là où souffle le vent mauvais. Je m’approche, je viens de retrouver. Pourquoi m’as tu quitté ? Pour t’en aller. Je voudrais décrire, écrire. La sensation de rébellion. Qui m’assaille, fatale, animale. Mon univers carcéral. Toi seule en a la clé. Je frappe le piano enchanté. Pour te réveiller. Que tu sortes de terre. Du paradis, de l’enfer. Retire-moi mes fers. Volons l’univers. Fous, voyous. Écoute la mélodie que je joue pour toi. Décrire, écrire. L’envie qui bat en moi. D’être proche de toi. Agenouillé dans le cimetière. Devant ta croix de pierre. A psalmodier. Des paroles enchantées. Tu pourrais les entendre. M’entendre. Je reviens l’hiver, l’été, le jour, la nuit. Mes pas flirtent avec l’infini. Penser t’abandonner. J’ai ça en moi. L’imaginant maintes fois. La haine, la rage, j’enrage. Mes doigts heurtent le clavier. Massacrent les notes sans pitié. Appuyer pour écraser, frapper. Détruire pour fuir. Je ne puis que subir. L’infusion du venin dans mes veines. Un sentiment d’endormissement. Joue la mélodie de notre agonie.