Je me souviens du son des tambours, de l’écho sourd. Nous entraînant sur des pulsations endiablées. Je me souviens du son des tambours, de l’air lourd. Nous enveloppant maquillé des fumées. D’étoiles désagrégées tombant émiettées. En ce soir de fin du monde où la salle rassemblait les bossus, les brisés, les fracassés. Arrosant l’ultime soirée en buvant à gorgées le nectar empoisonné. De vapeurs viciées remontant de volcans réveillés. Je me souviens de tout et de rien. Nous oubliant sur le rythme entêtant. Je me souviens de tout et surtout de demain. Nous projetant dans un avenir asphyxiant. No futur. Tu criais les yeux fermés. Dansant le dernier hymne à la lucidité. No futur. Le vin coulait à flot sur ta bouche et ton corps. Marquant de rouge sang tes boucles d’or. Je me souviens de toi ondulant. Nous serrant sur la musique nous entraînant. Je me souviens de toi murmurant. Nous rappelant ces doux moments. Le souffle du vent venu de nulle part ou d’ailleurs. Apportant la douceur des premières chaleurs. Dans la prairie, le long de la rivière dans le silence. De nos pas traînant sur l’herbe doucement. Écartant les bras en volant jusqu’aux terres d’un monde imaginaire. Je me souviens qu’il existe des anges. Nous protégeant en repoussant le mal. Je me souviens qu’il existe un archange. Nous écartant de l’instant fatal. Quand les étoiles désagrégées tomberont du ciel émiettées. Une à une dans un bruit infernal. Comme ce soir dans la salle embrasée. Par le son sourd de tambours brassant l’air lourd tout autour. Je me souviens de ta bouche cherchant l’air. Nous tenant pour ne pas tomber. Je me souviens de ta bouche murmurant une prière. Nous accrochant pour ne pas sombrer. Dans les vapeurs alcoolisées d’une fin du monde frelatée. Tombant goutte à goutte en pluie acidifiée. Sur toi et moi, brûlant lentement. Succombant en tournoyant. Avant de nous effondrer, consumés. Je me souviens de ce cauchemar. Nous emportant aux portes d’une fin du monde. Je me souviens maintenant ou peut-être plus tard. Nous laissant ivres emportés par l’onde sur les rives d’un autre monde.