J’aime cette richesse futile. L’inutile de nos propos. L’envol statique de nos immobilités. Comme ça paradoxalement. Pour que dure le temps. Tout le temps jusqu’aux portes de l’éternité. Que nos paroles frapperont avidement. Plus tard quand viendra l’instant. J’aime cette irrationalité. Qui nous porte et nous transporte. Un soir, un matin, sans fin. En se répétant chaque jour. Pour que dure toujours. Ce plaisir qui transpire et que l’on désire. Ce besoin oppressant et envahissant. De répéter le temps, en maîtrisant le moment. De le goûter, de le savourer comme s’il était le dernier.
Mais, il y a dans la joie tant de tristesses. Des parcelles noires chargées de rudesses. Des éclats de charbon sans chaleur. Extraits des mines intemporelles de notre humanité. Morcelée en puzzle écartelant nos fureurs. Dans une image floue et décomposée. Je ne me souviens plus de l’originale. A-t-elle seulement existé ? Je ne soutiens plus cette idée infinitésimale. Et, je m’en remets à cette richesse futile. L’inutile de nos propos. Comme baume à nos humanités excessives. Longuement étalées d’une main évasive. Je tremble sous la douceur de sa chaleur. Animalement candide, calmant mes phobies caricaturales. Oppressantes et brutales.
Nous irons les échanger sur un banc de bois. Toi, jouant à la marelle ; moi, acceptant ce rituel. De tutoyer l’enfer puis de grimper au ciel. En quelques mouvements, agitant le vent. Je ne sais pas si ailleurs. Ils nous en porteront rancœur. De nos joies, de nos cris tapageurs. J’aime cette idée de dompter l’irascibilité. Cette émotion intemporelle comme une cuisse potelée. La silhouette de tes enchantements. Le calice de mes étourdissements. Et, j’irai saoul sur des rives d’argent. Colporter les étincelles du feu de nous deux. Gratuitement avec cette richesse futile. De l’inutile de nos propos.