J’aurais aimé dresser sur l’horizon les oriflammes de nos colères
Peindre des années entières les couleurs fauves de nos misères
Dessiner le visage de tristesse d’une mer submergée de mélancolie
T’apporter des fleurs quand la pénombre est linceul de nostalgie
J’aurais aimé gravir les remparts des châteaux de nos souvenirs
Croiser entre leurs pierres les fantômes d’hier poussant des soupirs
Épouser le temps comme on souffle sur le vent pour le rabrouer
Intimider le passé et l’humilier de nous avoir abandonnés
J’aurais aimé dresser sur l’horizon les oriflammes de nos colères
Peindre avec mes mains un monde invisible pour en être fier
Parader dans les rues et les allées, te regarder et t’impressionner
Jurer que rien n’a changé, les exceptions, les mensonges, les vérités
Exploiter l’or du présent et le vendre d’un regard désargenté
J’aurais aimé dresser sur l’horizon les oriflammes de nos colères
Des étendards colorés d’une tête noire, cette alliée empoisonnée
Et peindre des années entières les couleurs fauves de nos misères