Il y a ce voile un peu flou. Qui obscurcit la mémoire. Ce petit rien qui agrandit la distance entre nous. Dessinant le lent mouvement. Du va et du vient. Entre le matin et le soir. Il y a ce voile de ne plus savoir. Sans pouvoir se dire qu’il est trop tard. Sans parvenir à croire qu’il reste encore de l’espoir. Il y a ce voile que l’on ne peut ignorer. Afin de faire semblant. Masquant le temps dépassé. Imperceptiblement dans le sablier s’égrenant. Filtrant les couleurs de notre passion. Tombée à genoux devant la croix du renoncement, de l’abdication. Il y a ce voile que l’on a tissé. Par abandon ou par volonté. Histoire de s’enfuir derrière la facilité de ce que l’on a voulu ignorer. Il y a ce voile que l’on a laissé se tendre. Pour éviter de se fendre. Derrière des mots d’explications, des visages maquillés pour tromper. Blancs comme la fausse virginité. De nos paroles éculées. Polluées de phrases vides de sens. Ayant perdues l’âme de leur essence. Il y a ce voile qui protège nos yeux embués. De ne pas avoir le courage de les montrer. Pour tout recommencer. Il y ce voile qu’il n’est pas interdit de déchirer. Quitte à nous retrouver. Abandonnés dans la chapelle de nos oublis. Voile que tu pourrais porter comme mariée. Moi, marchant à tes côtés.