Aux sources de la vie, nous irons sur un air de violon ou d’accordéon. Valsant entre les griffes de la mort. Le cœur enfiévré à l’idée de se baigner. Plongeant comme des fous. Dans l’eau scintillante recouvrant d’or. Nos rêves vérolés de s’être cognés aux portes fissurées de nos infirmités. Chargées de tant de fragilités. Si souvent éprouvées. Au rythme lent de la boîte à musique qui nous a fait danser. Bien plus loin que l’été. Sur le plancher élimé d’un sol où nous tournons depuis si longtemps en rond. Aux sources de la vie, nous irons sur un air de violon ou d’accordéon. Fuyant le quotidien mécanique de la valse stéréotypée que nous répétons. Sans autre projet que de savoir la piétiner les yeux dans l’abandon. A l’écoute du tonnerre de cette guerre qui boue à l’intérieur. Que nous savons si peu projeter à l’extérieur. Renforçant le carcan à faire exploser. Pour se libérer de toutes ces inutilités qui nous ont emmurés. A jamais, pour de bon. Aux sources de la vie, nous irons sur un air de violon ou d’accordéon. La tête ailleurs, ivres de bonheur. Afin d’arriver à l’heure. Pour, la première fois. Capables de partager ensemble le miel et le sang de notre foi. Dépourvus de tout ce qui nous tue. Allant nus. Les pieds dans la terre, les mains pleines de boue, les larmes coulant. De cette haine sourde d’avoir perdu tant de temps. A réagir, à agir, pour s’enfuir. Laissant sans regret derrière nous le champ jonché du cadavre de nos oublis. Dont le plus fort. Celui qui mord. Du feu courbant le fer de nos vies. Cette faculté à oublier l’identité de ce que nous étions. La respiration des racines de nos passions. Aux sources de la vie, nous irons sur un air de violon ou d’accordéon. Partis avec la raison. Unique de ne plus tourner en rond. A chercher dans le labyrinthe cette sortie qui ne viendra pas. Et que finalement nous ne voulons pas. Pour avoir compris bien trop tard que nous nous aimions. Sans autre concession que de rester fidèles à notre union.