Prostrés et aphones nous resterons. Devant le mur blanc du temps. Ce brouillard que l’on ne percera jamais. Par peur d’affronter l’effroyable vérité. Être orphelins de l’instant que nous vénérons. Ce présent qui dure dans le temps. Dans le cloître de notre silence. Emportés par le délice d’une douce transe. Rien ne pourra nous arriver. Intemporels et artificiels. Nous sommes invisibles, imperceptibles. On flotte, on barbote dans l’onde de l’instant. Qui n’existe pas. Sans croire à hier ou à maintenant. Juste errant, juste là. Au jardin de l’automne et ses couleurs monotones. Avec le sentiment de lui ressembler. Sur le visage un masque posé. Blanc, filtrant les rayons intrusifs. De l’attente et de la curiosité qui mettent à vif. Notre bouclier est végétal, animal. Nos discours ne sont que des regards. Nous croyons au hasard. Notre dieu est vieux. Nous laissant toute latitude. Pour l’abandonner dans sa solitude. Nous veillerons jusqu’au crépuscule. L’instant où la nuit épouse le jour. Sur la terre de notre royaume minuscule. Nous parlerons d’amour. Ce débat qui n’en n’est pas. Derrière les murs blancs de notre forteresse. J’aime les traits de ta vieillesse. Mesurant qu’il est l’heure maintenant. De fermer les yeux, de faire le dos rond. Prostrés et aphones nous resterons. Devant le mur blanc du temps. Ce brouillard que l’on ne percera jamais. Par peur d’affronter l’effroyable vérité. Être orphelins de l’instant que nous vénérons.