A toi, ma muse imaginaire, compagne de mon hibernation volontaire, je te dédie cette lettre d’adieu. En ce jour de fin. Je me souviens de nous deux. Lorsque nous avons emménagé. C’était à l’aube des 55 matins d’une hibernation sans lendemain. Je me rappelle de nos frayeurs. Je me rappelle des battements de nos cœurs. Étouffés par les soubresauts d’un avenir désarticulé sur la crête de nos angoisses empoisonnées. Elles nous ont plongé dans le coma de nuits réveillées par des aubes grises. Toutes avaient cette teinte du venin qui tétanise. Je me souviens de nos frissons lorsqu’il fallait se lever, recommencer à respirer. Il y a eu ce temps claustrophobe de l’air qui manque, du soleil absent. Toi et moi, hantant le labyrinthe du confinement. Demain, il s’ouvre; je m’en vais sans toi. A jamais, tu resteras en moi. Toi, ma compagne imaginaire d’un temps de misère.