Tandis que les loups traçaient leur chemin vers un prochain festin. Pendant que les rapaces planaient rassasiés au-dessus des blés. Alors que les requins draguaient affamés les fonds marins. Et, que les paresseux se traînaient à la queue leu-leu. Dans une ruelle un corbeau s’envolait battant des ailes.
A quelques lieux de là se levait une aube immaculée. Étirant un voile vaporeux sur une terre labourée. Des cerfs erraient fatigués et éprouvés. Traînant leurs pattes ensanglantées. Après une nuit de brame sans pitié. Pour les beaux yeux d’une biche amourachée. De soupirants lancés vers elle dans un sprint effréné.
Durant le songe pesant d’une nuit d’automne. Lorsque la feuille se maquille et se recouvre d’or. Alors que sa dernière heure sonne. Pour un vol et puis s’endort. Tapissant la mousse de couleurs rousses. Là où le renard court aux trousses. De rats ignorants et agnostiques. En recherche de carcasses faméliques.
Avant que le soleil ne monte vers un zénith enflammé. Sur une plaine s’étirant dans une journée apaisée. Où se murmurent quelques boniments colportés. Par un vent impertinent. Pour quelques heures d’apesanteur. Tapissant l’ambiance d’un temps apaisé. Inévitablement périmé en fin de journée.
Là nous irons nous promener. Entre chiens et loups. Nos ombres informelles n’étant que factuelles. Ou évasives et fortuites. Pendant que dans le ciel s’amoncellent. Des nuages et d’autres images en otages. De nos imaginations en accélération. Parle-moi de cette folie qu’on appelle poésie.
Fais vibrer en moi la petite musique inaboutie. D’un requiem infini. Celui de nos errances passagères et familières. Parmi les forêts où poussent le muguet. Sur des plaines saturées d’or et de blés. Quand tout paraît programmé pour être parfait. Nous lapant avidement l’excellence de cette indécence.
Sculptée avec des yeux aveugles. Jouée avec des oreilles sourdes. Laissant des cœurs émerveillés. Devant un veau qui meugle. Ou un champ de lampourdes. La poésie qui habite la vie. Qu’elle soit altière ou roturière. Colore notre existence routinière. Cent fois de mille manières.
Tandis que les loups tracent leur chemin vers un prochain festin. Pendant que les rapaces planent rassasiés au-dessus des blés. Alors que les requins draguent affamés les fonds marins. Que les paresseux se traînent à la queue leu-leu. Et que dans une ruelle un corbeau s’envole en battant des ailes.