Il y a ce vieux disque. Qui tourne et répète. Les notes fantastiques. D’une valse qui nous entêtent. Dans un décor de fête. Au bord du Danube, les pieds nus. Le vent qui nous fouette. Au bout d’une rue. Les pavés luisants sous la pluie. Les lampions qui vacillent. Puis plus loin, il y a le néant. Un univers, notre terre. Nous y avons planté nos racines. Affrontant ce désir envoutant. De lui donner un paysage de ruines. Qu’il soit laid et terrifiant. Pour le protéger secrètement. Des autres, de leurs envies. Nous y avons construit. Les plans et les murs de nos rêves. Sur le squelette de nos quêtes. Il n’y aura pas de trêve. Si ce n’est de se perdre dans le temps. Murmurant au vent. Les vertiges de notre éternité. L’insolence de cette addiction. L’un pour l’autre. Au dessus du vide sans filet comme de fidèles apôtres. D’une irrésistible attraction. En apesanteur par delà les minutes et les heures. Il y a cette force et plus. Entendre battre le cœur, sentir le souffle. Se piquant au temps et ses cactus. Accepter cette infirmité.La goûter, l’apprécier sans que la passion ne s’essouffle. Lui donnant le sel et l’éternité. De cette imparable fatalité de s’aimer.