Au bout de la nuit, il y aura les spasmes du poème interdit. Là où il est écrit que nous sommes maudits. Au bout de la route, il y aura la déroute de notre vie. Là où il est dit que notre avenir est enseveli. Les lignes du poème qui portent les contraintes de notre ennui. Je te hais, je te mens, tu me hais, tu me mens. Tout le temps, l’été, souvent, à jamais. Comme des forcenés. Sans savoir si tout cela n’est pas fabriqué. Pour se fuir, se perdre, se retrouver. Marionnettes sur un fil; mouettes au-dessus des îles. Notre vol qui s’achève au bout de la nuit. Dans l’écarquillement des yeux du soleil. L’ombre qui tombe sur nous au fond d’un puits. Jusqu’à ce soir dans un profond sommeil. Je suis le fantôme de tes nuits. Tu es l’âme qui étrangle mon infini. Tous deux réunis par écrit dans le poème maudit. Dans le bal collatéral d’être fatal. Je te sais immorale parfois vénale. J’aime le sang et le sel de tes lèvres. Je te donne le sel et le goût mièvre. De mes larmes coupables. Il n’y a rien de recyclable. Les squelettes de nos deux corps. En poussière dans une tombe, morts. La pierre froide et grise. Du vide, de son emprise. Au bout de la nuit, il y a le dernier mot du poème interdit. Il parle de fin, d’infini, de solitude, d’ennui. Je ne sais plus, nos souvenirs, l’oubli. Toi aussi, je le comprends sans offense. Je me rappelle du début, il fut. Coupable avec cette inflexion impalpable. D’être putréfiable. De s’être aimés, déchirés. Dans les limbes de l’enfer. Ils se sont réconciliés. Avant de revenir sur terre. Maintenant, ils errent.Cherchant un refuge ou leur survie. Dans les pages du poème qu’ils ont écrit. Inachevé, à jamais inabouti. Il ne reste que leur folie. Une poussière qui s’évade dans le temps. Une misère balayée par le vent. Sur le papier en lettres de sang. Les yeux fermés pour imaginer. Ces mots qui ne seront jamais écrits. Amour pour toujours.