Il n’y a plus de couleurs sur les murs, ni sur les voitures. Pèse ce froid que l’on endure avant de tomber comme un fruit mur. Vague à l’âme portée par les vagues d’un temps qui dure. J’aime cette sensation qui m’enlace, m’agace. J’aime ce frisson plus fort que de raison. Insatiable, animal, un rien fatal. La musique de tes mots susurrés. Leur goût de miel aux perles sucrées. Croquées sans le moindre regret. Sur le rythme saccadé d’une voix rauque s’enfuyant d’un bar glauque. Portant le corps enivré du hasard. Ivre de s’être égaré trop tard. Sur les rails d’une vie abandonnée. Jonchées d’herbes poussant entre les graviers. J’aime cette sensation qui m’enlace, m’agace. D’être encore vivant même si je me mens. Pensant que tout sera comme avant. Fabriquant notre monde avec les briques de nos corps nous aimant. Se renforçant des tentations tyranniques nous emportant. J’aime ce frisson plus fort que de raison. S’évaporant plus haut que planent les avions. Ton regard pour radar. Ton corps pour sémaphore. Sans autre plan de vol qu’une mer. Bleue aux reflets laiteux. Pour des jeux heureux. Il n’y a plus de couleurs sur les murs, ni sur les voitures. Pèse ce froid que l’on endure avant de tomber comme un fruit mur. Reste le rêve, j’en suis sûr. Il nous appartient qu’il dure. Aussi loin que s’entassent les souvenirs de cette sensation qui m’enlace, me tord, m’agace. Dans mon corps aux tentacules vivaces. Les petits riens de nos derniers festins. En miettes se fracassent puis s’effacent ne laissant pas de trace. J’aime ce frisson plus fort que de raison. Sans tourner en rond. Sans projet, sans maison où entasser nos abandons. Pour la première fois, il n’y a plus de loi. Juste le droit d’être toi et moi. Débarrassés de ce qui nous encombrait. Dans la liberté de tout jeter. Sans regretter, ni pleurer. Juste de se réjouir que viendront d’autres souvenirs. A l’instant où le hasard nous entraînera sur le quai de la gare.