Le chant des anges est monté jusqu’au sommet des voutes. Se répandant dans la cathédrale, désignant tes doutes. Pointant tes hésitations, tes changements de route. En écho répond le poids de tes regrets. Que tu transportes sans pouvoir les supporter. Sans savoir où les jeter. Coulent sur la pierre l’encre de tes péchés. Traçant en veines sanguinaires le sillon de tes regrets. Faits de culpabilité, d’actes inachevés que le chant des anges rappelle. D’une voix grave qui t’ensorcelle. Revenant dans le fracas d’un tonnerre rebelle. Sur le miel des accords d’un violoncelle. Jouant la répétition lente d’une ritournelle. Entrant dans ton âme, se lovant dans ton corps. Violentant tes chairs jusqu’à la mort. Apparaît ce dernier éclat de lumière portant l’or. De l’espoir d’un pardon en oubliant tes torts. Avoue alors qu’il en est encore temps pendant que tu te tords. De douleur, de peur, de rancœur. Le mors aux dents, résistant jusqu’à plus d’heure. Pour ne pas faiblir alors que tu te meurs. Tes forces s’amenuisant pour ton plus grand malheur. Monte le chant des anges portant le rire. De te voir mourir. Le plaisir de te voir faiblir sans avoir pu assouvir. La haine qui continue de te nourrir. A en hurler, à en vomir. Refusant la main qui se tend. L’appel de tes souvenirs d’enfant. Quand tu souriais tout le temps. Qui se dressent comme le dernier paravent. A tes dérives, tes tourments. Bats le tambour du bourreau raisonnant. Sur les pierres, s’enfuyant entre les voutes de la cathédrale. Dans une onde fatale. Qui te parcourt plongeant jusqu’aux racines du mal. Qui te voit te traîner, laper comme un animal. Le sang qui s’écoule de tes plaies. Parsemant un corps à l’image qui déplaît. De s’être voué à l’errance diabolique du péché. Buvant à plaisir l’eau empoisonnée de ses excès. Le chant des anges ne pourra rien y changer. Entend-les s’en aller, t’abandonner. Pleure sur la pierre le murmure du jugement dernier. Qui vient de te condamner. A jamais. Tu n’aimes pas ce mot. Portant en lui trop d’éternité. Il te fait peur, tu n’y es pas encore allé. En cet endroit où le temps s’est figé. Dans une posture angoissée. Se répand sur toi l’angoissante attente. De t’éteindre d’une mort lente. Alors que le jour et la nuit s’unissent dans une coupable entente. Pour étendre leur marque pesante. Personne ne peut plus rien faire pour toi. Les anges s’en sont allés plus loin que le ciel et les bois. Plus loin que tu puisses l’imaginer, toi fantôme sans foi, ni loi. L’éternité est devant, juste là, à en toucher le reflet du bout des doigts. Place où coulera le sang en cet endroit. Lieu où sera tranché au petit matin le dernier lien. Avec ce qui te retiens. Un regard, une main. Un geste qui rappelle la vie qui fut ton destin. Ensuite, tu sombreras dans les limbes de ton tombeau. La pierre et la nuit refermant ton caveau. Sans épitaphe, ni un mot.