Les lumières tristes de la rue peignent mon âme d’une teinte monotone. Où la pénombre du mystère se mélange à l’or du silence qui raisonne. Lourd, pesant, sourd, insolent. Agressé par l’écho de mes pas sur le sol pavé. Pétrifié que l’on puisse le défier. Atterré que l’on ose le déranger. A l’instant de s’unir à la nuit dans l’ombre glauque d’un recoin. Pour une étreinte sans lendemain. Instant volé, trop vite consommé, si vite évaporé dans un souvenir embaumé. Ne laissant que les vapeurs d’un souffle oublié. Porté en riant par les âmes de la nuit. Se moquant des deux amants ayant fui comme des bandits, leur rite accompli. Laissant la rue vide, l’or de ses lumières sans même se retourner derrière. Suinte alors sur les murs le miel d’une douce mélancolie. Posant sur les pierres sa folie, son ennui. Les deux si proches, unis, meurtris, avilis. Imposant l’attente, la lenteur, l’inquiétante terreur. De s’approcher des limites d’une fracture. Sensible, fragile fusible d’une pensée obscure. Où la tentation de se fondre dans la déraison combat la répulsion. De perdre tout repère, toute sensation. Pendant que bat le pouls lent de la nuit. Propageant sur les murs le sang de ses ombres. Que l’or des lumières éblouit. Les yeux clos, je marche dans les artères sombres. Respirant le parfum salé de leurs langueurs océanes. En attente des lueurs du jour, de ses teintes diaphanes. Me laissant bercer par l’attente d’un rien. Infime détail qui me glisse entre les mains. Tout à l’heure se lèvera un autre matin. Éteignant, les lumières tristes de la rue peignant mon âme d’une teinte monotone. Où la pénombre du mystère se mélange à l’or du silence qui raisonne. Ne resteront que les fantômes de mes rêves solitaires. Et, l’empreinte oubliée de mes pas amers.