Au bout du chemin blanc. Il y a cette ruine. Tout en haut de la colline. Là, où nous irons nous allonger. Les yeux tournés vers un ciel tourmenté. Le corps collé. Les mains plaquées. Sur un sol de terre entre des murs écroulés. Sentir cogner le cœur lent d’un lointain passé. Écouter, vibrer, les cris des enfants. Les serments de leurs parents. Imaginer le temps. Où le château sur la colline n’était pas ruine. Entendre respirer, entre ses pierres, le souffle d’âmes qui s’enlacent, se délacent. Croire qu’elles se sont envolées. Pour un autre ailleurs. Vers un monde meilleur. Loin de ces murs brisés d’où elles ont été rejetées. Au bout du chemin blanc. Il y a cette ruine. Tout en haut de la colline. Là, où l’on vient chercher l’espoir. D’un instant de paix sous les étoiles d’un soir. Nos pas emprisonnés par le brouillard. Emmurés par ce sentiment de ne plus rien voir. Sur le chemin blanc. Avec la tête basse de pénitents. Enveloppés des âmes du passé venues nous accompagner. Nous protéger. Main dans la main. Comme elles dans un lointain matin. Nous nous sommes avancés. Enfoncés dans la grande forêt. Jusqu’à l’orée. Sortis sous le poids d’un ciel tourmenté. Comme ce jour où le château s’est embrasé. Laissant des êtres calcinés. Le corps collé. Les mains plaquées. Sur un sol de terre entre des murs écroulés. Se sont-elles envolées ? Pour un autre ailleurs ? Vers un monde meilleur ? Nous nous sommes allongés. Sur le sol entre les murs écroulés. Pour écouter, vibrer, les cris des enfants. Entendre les serments de leurs parents. Pour chercher à voir. En fermant les yeux. En perçant la voute des cieux. Avec cet espoir. De les savoir à jamais heureux.