Les paupières lourdes. Le tic et le tac du temps. Le sommeil lentement, inexorablement, implacablement en toi s’installant. Dans le rêve. Doucement, comme un regard vide au travers des vitres du train. Le paysage défilant derrière un voile de pluie suintant sur les arbres, pleurant. Dans une nuit sans fin. Le ciel s’enfuyant. Le balancement. Du wagon qui berce tes pleurs. Le tremblement. De la voie qui chahute ton cœur. Se répète dans ta tête le tic et le tac du temps. Au plus profond du rêve. Là, où jamais tu n’as pénétré. Tu viens d’entrer. Le train s’accélérant. Te propulsant sous le regard du maître du temps. Ses yeux perçants. Son regard envoûtant.Tu manques d’air. Tu te sens. Si, fragile. Marchant sur un fil. Tu voudrais voir au-dehors du train, sortir du rêve. Mais, tu ne le peux pas. Tu entends. Le tic et le tac du temps. Les gouttes de pluie qui ruissellent sur les vitres. Ta vue se brouille, ton cœur panique, fait le pitre. La musique répétitive du battement. Du tic et du tac du temps. Tu te mords jusqu’au sang. Tu transpires. Tu aspires. L’air chaud, angoissant. Du wagon qui te pousse à défaillir. Démunie sous les griffes du maître du temps. Réagir. S’enfuir. Tu ouvres la bouche dans un cri. Arrachant. Déraillant. Bousculant. Le cauchemar en toi se répandant. Il reste le tic et le tac du temps. Plus assez fort pour te kidnapper. Pas assez puissant pour te briser. Les yeux du maître du temps s’enfuyant. Le paysage défilant derrière un voile de pluie suintant sur les arbres, pleurant. Dans un jour se levant. Toi te réveillant. Revenu du temps. Où le tic et le tac du temps. En toi se répandant t’avait mise sur les dents.