Cette nuit, un linceul glacé s’est étendu sur la terre. Il ne m’arrêtera pas. Au delà de la boue et des flacs gelées, au delà de ma fatigue, je marcherai jusqu’à toi. Je te le dois. Pour ces jours où nous courions sur le sable brûlant de l’été. Pour ton absence. Pour ton manque de toi. Pour ces liens qui sont les racines de ma raison. Tu habites ma pensée. Je n’ai que ce lieu pour t’héberger. Nos habitudes ne sont plus que des souvenirs. Un voile diaphane les recouvrent. Il m’est insupportable. Je ne peux l’écarter. Chaque jour, il s’épaissit de plus en plus. Je le hais. Le chemin nos vies s’est séparé à jamais. Venir te retrouver. Partager. Demain matin, dans le froid et la blancheur d’une aube gelée. Demain matin, au delà du brouillard et des arbres contractés, j’irai jusqu’à toi. Je sais que tu m’attends. Mon pas est maintenant plus lent. Ne me juge pas, je t’aime tout autant. Tu es partie, il y a si longtemps. Les nombreuses neiges de l’hiver ont recouvert la tombe de notre passion. Il ne me reste que cette pierre où est gravé ton nom. C’est là que je crois que tu es. Je fais semblant. Je me mens. Il ne me reste que çà pour exister dans le souvenir de toi. Alors, ce linceul glacé qui s’est étendu sur la terre cette nuit ne m’arrêtera pas. Je marcherai au delà de la boue et des flacs gelées. Je franchirai ce brouillard de l’hiver qui ne sera jamais assez épais pour te retrouver et t’aimer.