J’aime la nudité de ta tombe, le sol de feuilles mortes, la forêt environnante. J’aime la simplicité de ton souvenir, le chant des oiseaux qui te veillent, le galop des animaux autour de toi dans une nuit sans lune. J’aime l’unicité de ce lieu perdu dans la forêt. Il faut vouloir te trouver. Cela m’est arrivé par hasard, par inadvertance. Depuis, je n’en ai plus oublié l’adresse, ni le lieu. Y revenir est devenu facile, comme un passage obligé pour entendre la forêt, l’aimer. Tu as été enterré après avoir été guillotiné; toi l’abbé. C’était durant la révolution. Il y a longtemps mais depuis le trou où ta tête est tombée n’a jamais pu être comblé. Il reste béant à côté de ta tombe. On parle de malédiction, de légende. On parle et l’on parle. Et toi, dans la forêt, tu reposes en paix. Sur ta tombe, on pose des petites croix faîtes de brindilles. En échange, on te demande des broutilles. Je ne sais pas si cela marche ou a marché un jour. Est-ce vraiment ton office ? Moi, j’aime la nudité de ta tombe, la simplicité du lieu où tu es enterré. J’ai eu la chance de le rencontrer.