Le bouffon ne fait plus rire. Le bouffon se morfond. S’ennuie et soupire. Posé sur un nénuphar. Échoué sur la vase. D’une mare. Alors que le ciel s’embrase. Alors que la pénombre dessine sur son visage des ombres. La tête posée sur les mains. Le bouffon sent la fin. De ses jours, de ses tours. Il sombre. Les grenouilles à se moquer de lui. L’espoir qui s’enfuit. Bafoué, humilié. Plus rien que rien. Merde de mouche. Mouche à merde. A pleurer. A se jeter. Dans le vide sur la glaise. Les mains noires, le visage noir. Il n’en déplaise. Le bouffon a perdu ses couleurs. Épousant la terreur. D’être seul. De ne plus faire rire. Pitre veule. Son art en mode mineur. La lassitude, le dernier soupir. Le clown a perdu son masque. La piste est vide et silencieuse. Il ne reste plus que le squelette d’un être fantasque. A l’humeur ténébreuse. La nuit à l’envelopper. Pour mieux l’oublier. Hier, autrefois, il était. Un bouffon pour de bon. Une tape dans le dos. Des approbations de façade. Sur le rythme de mascarades. Il se croyait tout là-haut. Parmi les étoiles. La nuit, le jour. Pour toujours. Derrière le voile. De la prospérité, la profusion de bonnes idées. Pour dire et maudire. Salir et vomir. Sur les moins que rien. Qu’il pouvait balayer d’une main. Sans jamais penser à tomber. Aujourd’hui, il est là. Usé, abandonné. Tout en bas. Gueux parmi les pouilleux. Le bouffon ne fait plus rire. Le bouffon se morfond. S’ennuie et soupire. Le bouffon s’en va vers le cimetière. Il sera sa terre. Errant. D’un sourire narquois. Il était une fois. Un chevalier insignifiant.