J’irai à la source de mes illusions. Puiser l’eau verte de tes yeux. Dans une onde triste et bleue. En prisonnier de ma passion. Sur un fleuve fauve et rugissant. Troublant les remous de mon oppression. Accroché aux lianes venimeuses. De tentacules frêles et laborieux. Je les caresserai en te rendant envieuse. Avec des verbes vides et pieux. Épousant le dédain dans un coin. Faisant pâle noce dans un carrosse. Tournant en dérision le présent. Léchant les doigts du hasard. Embaumant le squelette de mes rêves. Dans des draps de couches tard. Je te regarderai quand tu te lèves. Debout ou à genoux, pétrifié. Comme cette mauvaise idée. De penser à t’aimer. Un soir où tout est gelé. Un matin où tout est brûlé.
Et, je m’égare sur un torrent. Moi, bouillonnant et ravageur. Dans des habits de mauvaise humeur. Verts et bleus comme tes yeux. En narguant des grenouilles qui fument. Charmant des hérons sortis de la brume. Par des cris volés à la nuit. Quand le hibou drague la chouette. Que la vertu part seule en goguette. Je saisirai le cou des nuages. Pour les prendre en otage. Pour les faire pleurer. Avant de cracher et de piétiner. Mes raisons de penser à t’aimer. Dans un bocal aux volutes bleues. Où s’envolera l’encens de mes yeux. Vers un ciel où rien n’est éternel. L’arlequin dessinera des couleurs. Sur l’esquisse d’une esquisse sans valeur. Nous deux réunis par ma folie. Sur une toile détendue et jaunie. Je l’encadrerai pour mieux me tourmenter. Dans une caverne où cohabitent mes démons. Qui élèvent des abeilles et des frelons. Je mange leur miel liquoreux. Ivre de toi, je me crois amoureux. Heureux, extatique, dans un rêve capiteux. Sans frontière, sans que tu ne m’opposes des barrières.
Et, le soleil flirtera avec la lune. Tous deux feront des projets sur une dune. Tricoteront pour nos enfants. A venir que nous pourrons haïr. Ils seront comme nous morbides et distants. Sans ressemblance, tout en dissonance. Face au miroir tu danses. Seule, triste et belle. Tu danses et m’ensorcelle. Je saisis le néant, l’étreint. J’en dévore son festin. Dans un aboutissement crépusculaire. Un ciel gris et sans lumière. Où mes soleils sont noirs. Mes spectres glissent sur des patinoires. Transis, je suis dans l’indécision. J’irai à la source de mes illusions. Puiser l’eau verte de tes yeux. Dans une onde triste et bleue. En prisonnier de ma passion. Sur un fleuve fauve et rugissant. Troublant les remous de ma déclaration.