J’aime les glaces de nos incertitudes. La gestuelle de ces intenses platitudes. Les corps pendus comme ça par des fils. Se collant au-dessus du vide. Dans une apesanteur stérile. Écoutant les plaintes insubmersibles. De nos passagers du vent. Observant avides nos yeux impassibles. Comme si nous étions des insensibles. Je pense à leurs émotions passagères. Clandestines ou en fragments intemporels. Toutes éparpillées et fières. Esclaves d’une loi qui ensorcelle. Moi fou de toi. Trop et tout à la fois. Plus fort que ces ouragans, balayant les hasards du destin. Fou passionnément avec excès. Ce tsunami recouvrant le chemin. Violemment et sans pitié. Dans la cacophonie de nos apostrophes. Parfois vulgaires et obsessionnelles. Toujours tendres et fusionnelles. Catastrophes sculptant notre humanité. Aux bras, aux jambes démembrés. Allant l’hiver en traînant des pieds. Dans la volonté d’une routine assumée.
En plein vent, en pleine campagne. Nos faiblesses, ces viles compagnes. Veillent en rapaces patientes. Sur nos dérives et nos fientes. Toutes compromises, elles sont soumises. Et font de cette croix une foi. En des jours brillants et meilleurs. Quand s’endormiront leurs rancœurs. Au bord d’un lac ou dans une prairie. Si le néant accepte d’être le ferment. De matins calmes où s’envoleront les colibris. J’aime cette idée comme béquille à nos infirmités. Pour avancer et ne plus stagner. Dans la vase de sombres marais. Je parle à nos absences ravageuses. Ces instances inutiles et impérieuses. Se faufilant parmi le vent et le temps. En fabriquant l’ossuaire de nos corps s’érodant. Je sens venir les instants fragiles. Cette impuissance d’avenirs inutiles. Quand tout sera bien trop tard. Face à ces falaises bloquant le regard.
L’étrange sensation d’une réflexion de nos profondeurs. Là où sont enterrées les inflexions de nos humeurs. Un paradis de fer et de pierres. Où les fleurs naissent noires. Pendant que l’innocence est la valeur cardinale. D’un univers où le soleil se lève le soir. Dramatiquement à côté d’une boîte en carton. Où s’empilent des photos romantiquement. Dans l’oubli d’une lente dépigmentation. Je veux plaider en faveur de cette destruction. Pour savoir si la nostalgie me retiendra par les pieds. Avant de faire l’acte de tout sacrifier. Banalement, tristement ou en aspirant. L’air d’un renouveau quand tout sera beau. Inutile et superficiel. Cherchant dans une ritournelle. La strophe coupable d’éliminer. L’excessif diabolisant le présent.