La pluie, la neige, tout le temps. La pluie, la neige, inlassablement. Les essuies glace à les balayer. Les yeux ensommeillés. La route là à se dérouler. La pluie, la neige, le froid. Un bâillement, des frissonnements. Toi et moi chancelants. Les idées en vrac. La tête dans le sac. L’envie de fuir en avant, en arrière. En brisant nos barrières. Invisibles. Impossibles. Crépuscule de nos calculs. Symbiose d’une ultime chose. Dans la nuit, dans le noir, sans savoir. Où l’on va. Tout droit. Appliquant là. L’unique loi. De rouler les yeux entrouverts, les pensées agglomérées. Dans le ciment de nos tourments. Arbre sans racine. Aux feuilles de tristes mines. La pluie, la neige, tout le temps. Le sifflement du vent. Le cri strident nous rappelant. Ces plaintes lancinantes qui nous hantent. Les spectres de nos regrets qui nous tentent. Sans parvenir à les larguer, les écraser, les empoisonner. Par une fuite effrénée dans la pluie, la neige, inlassablement. Au cœur de la tourmente de notre temps. Indéfiniment. Jusqu’au firmament. D’une nuit sans lune. Monte la rage de ne plus rien contrôler. Apparaît la faiblesse de laisser aller. Une à une. Tout s’échappe, se dérobe. J’effleure ta robe. Le dernier talisman. La pluie, la neige, inlassablement. Sans fin, si vite, si lentement. Toi qui dors. Moi qui fais le mort. Les virages qui s’enchaînent. Les arbres qui se prosternent. Les fantômes qui se réveillent. La pluie, la neige, tout le temps. Je veille sur ton sommeil. Au bout de la route. On quittera nos doutes. Au sol nos armes de mercenaires. Délaissant notre enfer. Je t’en fais la promesse. Plus réelle que nos caresses. Il nous reste cette magie. De s’inventer une nouvelle vie.